«La corruption fait une immixtion fulgurante dans le secteur de la Justice. C’est une chose inacceptable en milieu judiciaire. Refusez d’intégrer le rang des avocats porteurs de valises (…)».
Ce message a été lancé hier par le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Ameth Bâ, aux 33 avocat-stagiaires qui ont prêté serment de servir la justice.
Corruption
Selon Me Bâ, la corruption gangrène le secteur de la justice. C’est pourquoi il a tenu à mettre en garde ses futurs confrères, en leur conseillant de ne pas céder à la tentation. Et la seule manière d’y échapper, c’est d’observer les qualités ‘’d’honneur, de loyauté, de conscience professionnelle, de dévouement et de compétence’’.
La précarité et ses causes
Outre la corruption, le Bâtonnier a dit sa préoccupation face à la précarité dont sont victimes certains de ses confrères. ‘’La précarité, c’est une réalité. Certains avocats ont du mal à cotiser 200 000 francs. Il y a des avocats malades et qui n’ont aucun moyen de survie et l’Ordre est obligé de leur venir en aide’’, a constaté Me Bâ. Selon lui, cette situation fait croire que le nombre d’avocats est pléthorique au Sénégal. Or, poursuit-il, ‘’en réalité, on a besoin de plus d’avocats, car cela fortifie le barreau et l’Etat de droit’’.
Par rapport aux causes de la précarité, le Bâtonnier a pointé du doigt le déficit de formation pointue. Il est d’avis que cette précarité est due au fait que ‘’les avocats ne se remettent pas en cause pour faire la formation pointue et continue’’.
La ‘’mauvaise concurrence’’ a également été citée comme facteur, ainsi que la ‘’corruption’’ qui, selon Me Bâ, fait que les avocats ne voient pas certaines affaires.
L’excès d’amour pour les médias
En outre, le Bâtonnier s’est inscrit dans la même logique que l’avocat général Lansana Diaby pour fustiger ce qu’on appelle communément porter-presse. Le fait pour certains avocats de ‘’plaider’’ leurs dossiers, dans les médias. ‘’Il y a des gens qui exercent d’une manière pas convenable leur profession. Certains avocats qui, au lieu de plaider, passent leur temps à faire des conférences de presse’’, a martelé Me Bâ. De lancer à l’endroit de ses confrères : ‘’Les plaidoiries se font au prétoire. Cela n’enlève en rien au devoir d’informer l’opinion, mais les actes de procédure, on les plaide à la barre et non dans les médias.’’
Source ‘’Enquête’’