Journée mondiale de l’alimentation 2022: Appel à ne laisser personne de côté en cette période cruciale pour la sécurité alimentaire mondiale

Le pape François, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et le Président de la République italienne joignent leurs voix à celle d’autres dirigeants, appelant à redoubler d’efforts dans la lutte contre la faim et la malnutrition.

Selon la FAO, la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation 2022 s’est déroulée à Rome hier  autour d’un cri de ralliement: «Ne laisser personne de côté», alors que la situation de la sécurité alimentaire mondiale ne cesse de se détériorer et que le nombre de personnes gravement menacées par la faim explose en Asie et en Afrique.

Cet événement annuel marque la création de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, en 1945. Une cérémonie de portée mondiale a eu lieu au siège de la FAO à Rome, au cours de laquelle le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. António Guterres, le pape François et le Président de la République italienne, M. Sergio Mattarella, entre autres orateurs, ont délivré leur message.

Le communique rapporte que des centaines de manifestations connexes ont eu lieu également dans quelque 150 pays de par le monde, dont un appel à l’action lancé dans plus de 50 langues sur des panneaux d’affichage numérique et des initiatives créatives visant à marquer l’événement, notamment à l’aéroport international de Kigali et sur les sites du Christ rédempteur de Rio de Janeiro, des chutes du Niagara et de Piccadilly Circus à Londres.

L’édition de cette année se tient dans une période où la sécurité alimentaire mondiale est menacée de toutes parts, la flambée des prix de l’alimentation, de l’énergie et des engrais venant s’ajouter à des facteurs plus anciens tels que la crise climatique et les conflits qui s’éternisent. Pendant ce temps, la pandémie de covid‑19 continue de provoquer des réactions en chaîne, soulignant à quel point nos économies et nos vies sont imbriquées.

«Face à la crise alimentaire mondiale qui se profile, nous devons mettre à profit la force de la solidarité et de l’élan collectif pour bâtir un avenir meilleur, dans lequel chacun aura un accès régulier à une nourriture de bonne qualité et en quantité suffisante», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, dans le discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie à Rome.

Aux 970 000 personnes menacées par la famine en Afghanistan, en Éthiopie, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, il faut ajouter le nombre croissant de celles qui souffrent de la faim dans le monde (pas moins de 828 millions de personnes en 2021, d’après le dernier rapport de la FAO sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde) et les 3,1 milliards de personnes qui ne peuvent toujours pas se permettre une alimentation saine.

Comme souvent, ce sont les plus vulnérables qui sont le plus durement frappés: les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les agriculteurs ruraux. Ce sont souvent eux qui bataillent le plus dur pour avoir accès à la formation, au financement, à l’innovation et aux technologies.

Lors de son intervention, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a souligné que la Journée mondiale de l’alimentation 2022 se déroulait à «un moment difficile pour la sécurité alimentaire mondiale» et a exhorté les parties prenantes à se mobiliser ensemble pour passer «du désespoir à l’espoir et à l’action».

Le pape François, dans un message lu en son nom, a prié instamment le public de ne jamais oublier que les personnes «ne sont pas de simples nombres, ni des données, ni une suite de statistiques sans fin».

Lors de son intervention, le Président de la République italienne, M. Sergio Mattarella, a déclaré que, faute d’accès équitable à l’alimentation, des millions de personnes sur la planète, en particulier celles qui vivent dans les pays les plus pauvres, étaient peut-être privées de conditions de vie saines, d’une éducation de qualité et de possibilités d’avancement social et de croissance économique.

«Cette année, plus que jamais, la Journée mondiale de l’alimentation doit être un appel à intensifier l’action menée pour aider les petits agriculteurs des zones rurales, qui, essuyant crise après crise, approvisionnent en aliments leur communauté et leur pays, en dépit des inégalités, de la vulnérabilité et de la pauvreté», a déclaré M. Alvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA).

«Ma plus vive inquiétude concerne ce qui se prépare, à savoir une crise des disponibilités alimentaires, car l’onde de choc des conflits et du changement climatique risque de saboter la production vivrière mondiale dans les mois à venir. Le monde doit ouvrir les yeux sur cette crise alimentaire mondiale sans précédent et prendre des mesures immédiates pour empêcher qu’elle n’échappe à tout contrôle», a déclaré M. David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial.

Manifestations autour de la Journée mondiale de l’alimentation

À Rome, les manifestations de l’après-midi comprenaient l’inauguration d’une exposition de photographies soulignant les effets de la crise climatique, prises depuis l’espace par M. Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence spatiale européenne et Ambassadeur de bonne volonté de la FAO.

La Journée mondiale de l’alimentation est également l’occasion d’honorer les personnes qui, par leurs actes, changent les choses, comme les Héros de l’alimentation de la FAO et les lauréats des Prix de la FAO, et qui sont autant d’exemples d’initiatives à même de soutenir la concrétisation du mandat de la FAO et des objectifs définis dans son Cadre stratégique 2022‑2031. Le premier prix de cette nature jamais décerné a été remis à l’association forestière communautaire de Kirisia, au Kenya, pour avoir réussi à restaurer la forêt de Kirisia.

En outre, un événement Journée mondiale de l’alimentation pour les jeunes s’est déroulé avec une foule de héros de l’alimentation, parmi lesquels Thomas Pesquet, le célèbre chef cuisinier Joan Roca et la professionnelle libanaise des médias, également Ambassadrice de bonne volonté de la FAO pour la région Proche-Orient et Afrique du Nord, Darine El Khatib.

Des événements dirigés ou organisés conjointement par la FAO et conçus pour sensibiliser à la lutte mondiale contre la faim continueront d’être au centre de l’attention au cours de la semaine à venir, avec la deuxième édition du Forum mondial de l’alimentation, qui réunit le Forum mondial de la jeunesse, le Forum de la science et de l’innovation et le Forum de l’investissement en faveur de l’Initiative Main dans la main. L’objectif est d’encourager le dialogue et les débats entre les parties prenantes concernées, notamment des jeunes, des agriculteurs, des petits producteurs, des représentants des peuples autochtones, des responsables politiques, des agro-investisseurs et des scientifiques, qui se connecteront des quatre coins du monde dans un seul et même but: faire progresser la sécurité alimentaire pour parvenir à offrir à chacun un meilleur avenir alimentaire, sans laisser personne de côté.

Appel à l’action

Pour ne laisser personne de côté, il faut travailler simultanément sur de nombreux fronts.

En ce qui concerne la FAO, cela comprend notre Initiative Main dans la main, conçue pour accélérer les transformations des systèmes agroalimentaires en éradiquant la pauvreté (ODD 1), en éliminant la faim et la malnutrition (ODD 2), en réduisant les inégalités (ODD 10), en promouvant l’emploi rural décent et les services ruraux, en cultivant l’égalité des sexes, en assurant une protection sociale, en mettant un terme au travail des enfants, en soutenant la production locale d’aliments pour les populations vulnérables des pays qui connaissent une crise alimentaire, et en aidant les populations rurales et les peuples autochtones, qui sont les gardiens de la majeure partie de la biodiversité de la planète.

Des initiatives supplémentaires s’imposent pour aider les petits exploitants, qui produisent plus du tiers de l’alimentation du monde, mais représentent 80 pour cent des producteurs mondiaux. Alors qu’ils constituent l’un des piliers des systèmes agroalimentaires mondiaux, ils se trouvent trop souvent piégés dans les cercles vicieux de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire et sont exclus des possibilités qu’offrent des systèmes dominés par les grands producteurs et distributeurs.

Changer cela impose de transformer les systèmes agroalimentaires actuels pour donner des chances égales à tous les producteurs et aider les petits exploitants à accéder à de nouveaux marchés. Les investissements dans la formation, les incitations, la science, les données et l’innovation peuvent être très efficaces pour mettre les petits exploitants au centre de cette transformation et faire en sorte qu’ils deviennent des agents à part entière du développement durable et y jouent un rôle actif.

Enfin, les États doivent s’engager solennellement à ne laisser personne de côté dans les stratégies, les plans et les budgets qu’ils consacrent à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.

 

 

 

Pape Ismaïla CAMARA
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