La diaspora, ce mot issu du grec sporo (la graine) et speira (semer), désigne la dispersion d’un peuple hors de son foyer d’origine. Elle est à la fois mémoire, force et espérance. Longtemps associée à l’histoire du peuple juif, elle s’applique aujourd’hui à toutes les communautés qui, par leurs migrations, portent haut les valeurs de leur terre natale tout en contribuant aux sociétés d’accueil.
La diaspora israélienne est considérée comme ‘un modèle de réussite’. En 2002 j’avais eu la chance de visiter Israël je fus impressionné par l’énorme contribution de sa diaspora dans le développement et le rayonnement d’Israël. Fortement intégrée et ne remettant jamais en question leur appartenance à leur pays d’accueil la diaspora israélienne participe fortement sur le plan financier, politique, culturel et intellectuel au rayonnement de la nation juive.
Sans sa diaspora Israël ne serait pas qu’il est actuellement. A l’image de Israël, la diaspora africaine devrait pouvoir jouer un rôle plus important. Le continent a besoin du soutien de sa diaspora pour construire une société de paix et de prospérité. Israël, la Chine, la Corée, et l’Inde ont montré comment les apports de la diaspora peuvent contribuer de manière significative à transformer les économies nationales.
On oublie souvent que la diaspora sénégalaise est plurielle. Elle ne se limite pas aux communautés installées en Europe ou en Amérique du Nord. La diaspora sénégalaise est également fortement présente en Afrique centrale et en Afrique de l’Est, bien avant que l’on parle de la diaspora occidentale. Elle est faite de diversité : des diplômés et professionnels reconnus, des commerçants et entrepreneurs, mais aussi des jeunes en quête d’avenir qui empruntent des routes périlleuses.
Certains traversent le Nicaragua et l’Amérique latine au prix de souffrances indicibles. D’autres affrontent les vagues de l’océan Atlantique dans des pirogues fragiles, laissant derrière eux des familles endeuillées par des disparitions tragiques. Ces morts, ces vies brisées, ne doivent jamais être oubliées.
La diaspora, ce sont aussi ceux qui vivent dans la clandestinité, dans des conditions extrêmement difficiles, mais qui restent animés par l’espoir de soutenir leurs proches et de contribuer à la nation.
Cependant, le défi majeur de la diapora sénégalaise reste son intégration dans les pays d’accueil. Contrairement aux diasporas israélienne ou libanaise, qui ont su s’insérer pleinement dans leurs sociétés hôtes et devenir des relais puissants pour influencer les politiques internationales en faveur de leurs pays d’origine, la diaspora sénégalaise demeure trop souvent en marge.
Ce ‘refus’ d’intégration est souvent doublé d’une attitude qui consiste à s ‘ériger en champion de la contestation permanente. Les modèles Kemi Seba ou Nathalie Yamb sont contre productives
Aujourd’hui, les transferts financiers de la diaspora africaine atteignent un niveau historique de 100 milliards de dollars en 2024, soit près de 6 % du PIB continental. Ce chiffre dépasse les investissements directs étrangers et l’aide publique au développement réunis.
Il témoigne de la force et de la fidélité de nos compatriotes de l’extérieur, qui soutiennent leurs familles et leurs communautés, parfois dans des conditions extrêmement difficiles. Mais la diaspora ne doit pas être réduite à ses envois financiers : elle est aussi expertise, réseaux, entrepreneuriat et influence.
Cette Journée de la Diaspora est l’occasion de réaffirmer que chaque membre de cette communauté, qu’il soit installé en Afrique, en Occident, diplômé ou en situation précaire, fait partie intégrante de la nation sénégalaise. Le Sénégal doit bâtir une relation structurée et crédible avec sa diaspora, fondée sur la confiance, la dignité et des politiques inclusives.
Les classes politiques africaines ont donc le devoir de créer les conditions nécessaires pour une forte implication de la diaspora dans le processus de développement. Le préalable reste la crédibilité, mais aussi la capacité de la diaspora à s’intégrer dans ses pays d’accueil et à devenir un acteur reconnu, capable d’influer sur les politiques internationales en faveur de l’Afrique.
La diaspora sénégalaise est une richesse. Elle est mémoire, elle est force, elle est espérance. Elle est faite de sacrifices et de réussites, de clandestinité et de rayonnement. Aujourd’hui, nous devons l’unir autour d’un projet commun : celui d’un Sénégal et d’une Afrique debout, souveraine et prospère.
Les approches adoptées par ces nations se déclinent comme des initiatives pilotées par les pays et fondées sur des objectifs partagés entre le gouvernement et la diaspora, tout en étant sous-tendues par une batterie exhaustive de politiques, de structures administratives et de mesures incitatives visant à mettre en place un environnement propice à la mobilisation des ressources de la diaspora (expertise, investissements, esprit d’entreprise et réseaux professionnels) autour de solides piliers de croissance.
Les rentrées d’envois de fonds de la diaspora en Afrique ont quadruplé au cours des 20 dernières années, en atteignant environ plus 40 milliards de dollars (plus 2,6 % du PIB) en 2015. Ces envois qui constituent pour le continent la source la plus importante de recettes étrangères après les investissements directs étrangers servent essentiellement à régler des problèmes d’intendance.
La diaspora ne doit pas être considérée seulement comme une source de financement, pour faire face à des problèmes de survie mais comme des partenaires au développement. Il y a donc lieu d’établir de toute urgence des liens plus solides entre les pays africains et la diaspora africaine.
On continue toujours à théoriser sur le massif de la diaspora comme alternative ‘pour construire’ le continent oubliant que l’efficacité la diaspora juive s’est faite à partir des pays hôtes. Le continent regorge de ‘talents locaux’ le concept d’une ‘élite qui viendrait sauver l’Afrique’ ne semble pas l’approche la plus pertinente les retours d’expérience des ‘sauveurs’ n’ont pas toujours étaient concluantes. En réalité la plus part des dysfonctionnements du continent sont endogènes.
Les classes politiques Africaines ont le devoir de créer ces conditions nécessaires et favoriser une forte implication de la diaspora dans le processus du développement du continent… Le préalable reste cependant ‘la crédibilité’ et la capacité de la diaspora africaine à pouvoir influer sur les politiques des pays hôtes.
Lansana Gagny Sakho


