Interpellation de son coordonnateur : Y en A Marre hausse le ton et exige sa libération immédiate

Deux mois après sa mise en liberté provisoire, Aliou Sané a été arrêté avant-hier avant d’être expédié à la prison du Cap Manuel. Une arrestation «arbitraire et injuste» dénoncée par ses camarades de Y’en a Marre et du F24 qui sont montés au créneau pour, d’une part «déconstruire» les accusations du Procureur qui, disent-ils, dans un «esprit revanchard», a décidé de mettre la main sur Aliou Sané pour «le remettre en prison». Pour ses compagnons de lutte, il s’est agi de museler l’activiste

Face à la presse, des activistes en première ligne du mouvement Y en A Marre et F24 ont tour à tour dénoncé l’arrestation de l’un des leurs, en l’occurrence Aliou Sané qui, après une liberté provisoire est placé sous mandat de dépôt par le juge pour «participation à une manifestation non autorisée, trouble à l’ordre public, outrage et offense à un agent assermenté en service».

Des accusations balayées de revers de mains par ses camarades de lutte qui accusent le régime en place de vouloir étouffer toutes voix contestataires. Ceci, dans le but de se choisir des adversaires, en vue de la prochaine élection présidentielle.

«Nous refusons qu’on nous présente pour des larbins. Nous sommes un mouvement citoyen très responsable qui a joué un rôle très important pour la promotion de la démocratie et nous continuerons de défendre ces principes que nous avons toujours défendus», a d’emblée dit Malal Talla alias Fou Malade, avant de rappeler les circonstances de l’arrestation de l’activiste Aliou Sané.

«Depuis le 25 juillet 2023, une épée de Damoclès était suspendue au cou d’Aliou Sané»

«Aliou Sané a été interpellé aux alentours du domicile d’Ousmane Sonko le 29 mai dernier. Après plusieurs retours de parquet, le juge a refusé de placer sous mandat de dépôt, c’était le 4 juin 2023. Une semaine après, le Procureur a interjeté appel auprès de la Chambre d’accusation. Et depuis le 25 juillet, une épée de Damoclès planait au-dessus de la tête d’Alioune Sané.

Et le 25 juillet, la chambre d’accusation a infirmé la décision du juge, c’est-à-dire finalement, elle a rendu possible le vœu du Procureur. C’est pour cela qu’on a décerné à Alioune Sané un mandat de dépôt. Donc l’arrestation d’avant-hier était l’exécution de la décision ordonnée par la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel», a rappelé Fou malade qui a sonné la fin de la recréation.

«On ne peut pas continuer à accepter des injustices de telle sorte. Les vidéos sont encore là pour attester des violences exercées par la police sur Alioune Sané. C’est pourquoi, le juge avait offert cette liberté provisoire à Alioune Sané, pour peut-être faire plaisir au Procureur. Dans cette affaire, on n’avait même pas besoin de liberté provisoire. Il fallait tout simplement le relaxer parce qu’il n’avait absolument rien fait. Mais il fallait le mettre en prison parce qu’Alioune Sané est une forte personnalité, sinon l’une des principales figures qui continue de mener la lutte. Il fallait l’arrêter parce qu’Alioune Sané représente symboliquement cette jeunesse qui dit Non», a ajouté M. Talla.

«Nous sommes en face d’un pouvoir qui cherche à laisser le terrain libre aux personnes qu’il a choisies pour des élections»

Fou Malade dénonce ces pratiques du pouvoir de Macky Sall qui, selon lui, cherche à étouffer des voix alternatives.

«Au lieu de travailler à la consolidation des acquis démocratiques, nous sommes en face d’un pouvoir qui cherche effectivement à laisser le terrain libre aux personnes qu’il a choisies pour des élections et éliminer toutes voix dissidentes dans ce pays. C’est impossible et c’est peine perdue. Car Macky Sall et son pouvoir ne peuvent pas nous museler et nous rendre aphones. Emprisonner Alioune Sané c’est restreindre la liberté d’expression à une certaine frange de la population constituée par les opprimés, le petit peuple».

Embouchant la même trompette, Cyril Omar Touré alias «Thiat» a, lui aussi, pointé du doigt le régime en place qui, à travers des actes posés, depuis le renoncement de Macky Sall à un troisième mandat, ne vise qu’à réduire au silence toutes les voix discordantes. «Peine perdue !», a-t-il dit avant d’ajouter : «Nous continuerons de défendre nos droits et nos libertés. Nous continuerons de dénoncer toutes les dérives de l’Etat et du pouvoir en place. Et cela, quel que soit le prix à payer».

«Et pire, pour motiver et mieux corser leur dossier, ils ont accusé Alioune Sané de s’être déplacé à bord de son propre véhicule, les 1er, 2 et 3 juin dernier lors des manifestations, à Keur Massar pour, disent-ils, livrer de l’essence à des jeunes pour brûler. Alors qu’Alioune Sané a été arrêté le 29 mai. Comment est-ce possible que cela arrive ? C’est pour vous dire à quel point le ridicule ne tue point dans ce pays», a fulminé le rappeur très actif dans ledit mouvement

Déplorant les restrictions sur l’internet, les restrictions des libertés, Thiate & Cie ont réaffirmé leur détermination à défendre les libertés et les droits de leurs concitoyens.

«Nous savons tous qu’avec le régime de Macky Sall, le Sénégal est devenu une prison à ciel ouvert. Aliou Sané est en prison, il se porte bien. C’est un combattant et il a dit que ‘le combat continue’, parce qu’il n’est pas le seul. Il y a plus de mille jeunes qui sont dans les prisons, arrêtés arbitrairement», fait savoir l’activiste. Pour faire honneur à ces gens, les membres de l’organisation contestataire entendent poursuivre le combat, dans le respect des lois et règlements du pays. «Nous barrerons la route à ce régime dictatorial et arbitraire», a promis Thiate.

Le coordonnateur du mouvement Y en A Marre et vice-coordonnateur du F24 avait été initialement arrêté le 29 mai 2023 puis inculpé pour « acte de nature à compromettre la sécurité publique ou à entrainer des troubles politiques graves, participation à une manifestation non autorisée, outrage et offense à des agents en fonctions».

Vox populi

Mamadou Nancy Fall
Up Next

Related Posts