Infos hebdomadaires de Transparency International : Comment les autocrates volent les élections

Mercredi, une information a annoncé que le gouvernement russe aurait dépensé jusqu’à 300 millions de dollars depuis 2014 pour influencer les élections et acheter de l’influence politique à l’étranger. Selon certaines informations, certains des pays touchés comprennent l’Albanie, le Monténégro, Madagascar, peut-être l’Équateur et un pays d’Asie sous anonymat.
Le même jour, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné « l’influence étrangère secrète et le financement louche » par des régimes autoritaires comme une menace pour la démocratie, appelant spécifiquement la Chine.

La plupart des pays reconnaissent la menace du financement politique étranger. En fait, 70 % des pays du monde interdisent les dons de campagne parrainés par l’étranger. Pour contourner cette interdiction et dissimuler l’origine de l’argent, la Chine et la Russie ont abusé des failles du système financier mondial, y compris des sociétés écrans anonymes. Selon une étude réalisée en 2020 par le German Marshall Fund des États-Unis, les deux pays ont de plus en plus recours à de tels moyens pour influencer les élections et s’immiscer dans d’autres processus démocratiques.

Au risque de ressembler à un disque rayé, c’est une autre raison pour laquelle les gouvernements doivent mettre fin à la propriété secrète des entreprises. La nouvelle norme mondiale adoptée en mars 2022 – à la suite de notre campagne – exige que tous les pays mettent en place des registres centraux vérifiés qui répertorient les véritables propriétaires des entreprises. Si elle est bien mise en œuvre, cela comblera une échappatoire que les acteurs louches utilisent pour canaliser secrètement les dons aux politiciens à l’étranger.

Le financement politique étranger corrompu peut avoir des conséquences durables et terribles pour le pays influencé et conduire à un désenchantement public à l’égard de la démocratie. Le détecter et l’exposer est une stratégie puissante. Notre nouvelle note d’orientation, publiée plus tôt cette semaine avec le National Democratic Institute et l’Open Government Partnership, propose des mesures clés de transparence et de surveillance aux gouvernements qui veulent faire face à cette menace.

L’ingérence étrangère n’est pas un problème nouveau; elle n’est pas non plus exclusivement perpétrée par des régimes autoritaires. Certaines démocraties, dont les États-Unis, ont une longue histoire d’ingérence dans les élections et la politique intérieure à l’étranger. C’est tout aussi inacceptable.

Si les gouvernements veulent vraiment protéger la démocratie, la menace d’une influence autoritaire ne doit pas être prise à la légère. Mais toute réponse doit commencer par la transparence et l’intégrité.

Pape Ismaïla CAMARA
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