Il y a cinq ans cette semaine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déclarait la COVID-19 pandémie mondiale. Dès le début, la corruption s’est révélée être un problème alarmant et répandu posé par l’épidémie.
Le virus allait devenir l’une des pires crises sanitaires des cent dernières années et servir de catalyseur pour révéler et, dans certains cas, aggraver la corruption à l’échelle mondiale. Les nombreuses lacunes de notre discours sur la santé publique, de nos institutions et de notre leadership politique, auxquelles nous continuons de faire face, ont été mises à nu.
Des achats précipités dans les systèmes de santé à la distribution de vaccins en passant par les plans de sauvetage économique, la corruption s’est infiltrée à tous les niveaux de la réponse d’urgence mondiale. L’assouplissement des règles d’approvisionnement et l’accélération des procédures ont entraîné un gaspillage financier considérable. Des rapports en provenance du Brésil, des États-Unis et d’Allemagne ont mis en évidence le phénomène de surprix, où les fournisseurs ont profité de l’urgence de la pandémie pour gonfler massivement leurs prix. Dans certains cas extrêmes, des masques ont été vendus 25 fois leur prix initial
Le recours à des intermédiaires ou à des courtiers tout au long de la crise s’est également avéré préjudiciable. Les acheteurs publics se sont souvent approvisionnés en biens ou services par l’intermédiaire de courtiers plutôt que d’acheter directement auprès des producteurs, et ces derniers ont cherché à maximiser leurs profits grâce à ces contrats lucratifs.
Les paiements étaient souvent effectués à l’avance, ce qui ajoutait un risque supplémentaire quant à la qualité des biens achetés. Par exemple, en Espagne, le gouvernement a acheté 640 000 kits de dépistage à la Chine, pour découvrir plus tard que les tests n’étaient pas fiables et que le vendeur n’était pas agréé par les autorités chinoises.
Au cours des dix premiers mois de la pandémie, plus de 1 800 personnes ont contacté nos centres de défense et de conseil juridique pour signaler des cas de corruption et solliciter de l’aide concernant des problématiques liées à la COVID-19. Notre analyse des témoignages de ces citoyens a révélé que les domaines où ils ont rencontré le plus de difficultés allaient au-delà des soins de santé, pour inclure également l’aide humanitaire et la corruption policière.
Les recherches de Transparency International ont également montré que les femmes étaient particulièrement vulnérables aux risques de corruption liés à la COVID-19. Près de 70 % du personnel de santé était composé de femmes, ce qui signifie qu’elles étaient en première ligne face à la pandémie et à nombre des menaces de corruption qu’elle suscitait. De plus, dans de nombreuses régions du monde, les femmes étaient surreprésentées dans l’économie informelle , particulièrement touchée par la pandémie. Dans le cadre de notre plaidoyer, nous avons recommandé aux gouvernements d’intégrer une perspective de genre dans leur réponse. Cela impliquait de partager des données ventilées par sexe en temps réel afin de mieux évaluer et gérer l’impact de la pandémie sur les femmes.
Bien qu’il soit rapidement devenu évident que la COVID-19 devait être abordée de manière collaborative à l’échelle mondiale, le manque de transparence et les inégalités généralisées ont entravé cette démarche.
Transparency International a souligné en 2021 que seulement 14 % des vaccins contre la COVID-19 dans le monde avaient été achetés par COVAX, l’initiative mondiale visant à garantir aux pays en développement un accès juste et équitable aux tests, traitements et vaccins contre la COVID-19. Des recherches récentes ont également mis en évidence que le processus de distribution des vaccins, notamment par l’intermédiaire de COVAX, était exposé à des risques importants de corruption .
La crise de la COVID-19 a révélé comment même les systèmes de santé les plus avancés peuvent être exploités par la corruption. Ces vulnérabilités persistent, et il appartient aux gouvernements et à leurs institutions de tirer les leçons des nombreuses erreurs commises pendant la pandémie. En cet anniversaire, nous pouvons tirer une multitude d’enseignements. Si nous les intégrons efficacement, nous pourrons garantir que la corruption ne causera pas, lors d’une nouvelle crise sanitaire, les mêmes dommages que lors de la COVID-19.
Transparency International