Infos de Transparency International : Le compte à rebours du progrès mondial

En début de semaine, tous les regards étaient tournés vers New York alors que les dirigeants mondiaux se réunissaient au Sommet de l’avenir. Du 22 au 23 septembre, les Nations Unies les ont réunis pour discuter des moyens d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) . Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié ce sommet d’« une opportunité unique en une génération ». Contrairement aux sommets précédents qui fixaient l’ordre du jour, celui-ci s’est concentré sur le « comment ».

Au cours de cet événement, les États membres ont adopté le Pacte pour l’avenir , un accord conjoint par lequel ils s’engagent à relever les défis mondiaux à long terme et à respecter les engagements existants pour atteindre les ODD.

Avant le sommet, Transparency International, son programme de défense et de sécurité et 64 sections du monde entier ont exhorté les dirigeants à s’attaquer au rôle crucial que joue la corruption dans la dégradation du développement durable et aux risques que comporte le fait de ne pas s’attaquer à ce problème de front. L’avant-projet ne mentionnait pas la « corruption », mais cela a été corrigé dans la dernière version , où elle a été incluse – mais uniquement dans les engagements financiers. Lorsque le pacte conjoint a été adopté, nous avons exprimé des inquiétudes quant à ses limites , soulignant que même s’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, ce n’est qu’un point de départ.

À l’échelle mondiale, nous avons vu comment la corruption à grande échelle sape la croissance économique, affaiblit les institutions, détourne les fonds des services essentiels comme les soins de santé et l’éducation, vole des ressources rares, accroît les inégalités et peut même conduire à des conflits et à la guerre.

Prenons un exemple : au Mozambique, un scandale de dette en 2016 a contribué à un ralentissement économique et a fait échouer les efforts visant à réduire la pauvreté et les inégalités. Des fonds qui auraient dû être consacrés à des investissements dans les ODD, comme l’éducation et le soutien aux communautés de pêcheurs artisanaux, ont été gaspillés. Au Guatemala, le scandale douanier « La Línea » (La Ligne) a impliqué de hauts fonctionnaires dans un système dans lequel les importateurs versaient des pots-de-vin aux douaniers et aux politiciens, en échange de taux d’imposition réduits. On estime que ce système a coûté au pays 1,8 % de son PIB en 2015. Ce scandale, ainsi que d’autres scandales récurrents, ont mis à mal les ODD dans le domaine de la santé en raison du sous-investissement.

 

La corruption ne ralentit pas seulement le progrès économique et social : elle entrave activement la lutte contre la crise climatique, l’un des principaux objectifs des ODD. Aux Maldives, de hauts responsables, dont un ancien président, ont été impliqués dans un projet de location de 50 îles et lagons coralliens à des fins de développement durable en 2014 et 2015. Environ 80 millions de dollars ont été perdus à cause de la corruption, soit une grande partie des fonds nécessaires à la protection de l’environnement dans le pays. Au Brésil, dans le cadre de l’enquête sur l’opération « Lavage Auto », une vaste opération de corruption a été découverte impliquant Belo Monte, l’une des plus grandes centrales hydroélectriques du monde. Le scandale a révélé des pots-de-vin versés aux politiciens qui étaient à l’origine de l’approbation et de la construction de la centrale hydroélectrique, qui était inabordable, peu fiable et non durable. Cela a eu un impact sur l’objectif de garantir un accès à une énergie abordable, fiable et durable pour tous.

Le temps presse, mais il y a encore de l’espoir. Il reste six ans au monde pour atteindre les ODD d’ici 2030, et en intensifiant nos efforts pour lutter contre la corruption, nous pouvons encore accélérer les progrès. Le sommet a été l’une des dernières occasions pour les pays de se réunir et de convenir de mesures cruciales pour progresser dans la mise en œuvre des ODD. Nous avons souligné la nécessité urgente de donner la priorité à la prévention et à la lutte contre la corruption, car sans l’attention qu’il faut porter à ces éléments, il est peu probable que des progrès soient réalisés.

Les dirigeants ont encore la possibilité de faire évoluer les choses dans la mise en œuvre du pacte. Les États membres doivent renouveler leur engagement à respecter leurs obligations internationales en matière de lutte contre la corruption et promouvoir la transparence et la responsabilité au sein des gouvernements et envers le public.

Chaque pas dans cette direction nous rapprochera de la réalisation des ODD. En luttant contre la corruption, nous ouvrirons la voie à un avenir plus juste, plus égalitaire, plus durable et plus prospère pour tous.

Transparency International

Momar Diack SECK
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