Homosexualité, Troisième Mandat et Sentiment d’injustice… Ces maux qui ont perdu Macky Sall

Les résultats des urnes du dimanche dernier ne semblent pas être une surprise pour plusieurs analystes politiques qui avaient tiré la sonnette d’alarme. Sachant que le président Macky Sall et son régime fonçaient sur le mur, le peuple l’a plusieurs fois mis en garde contre la répression, la justice à deux vitesses, la position mitigée sur le troisième mandat et le rejet de la loi criminalisant l’homosexualité

Les résultats catastrophiques du régime de Macky Sall étaient prévisibles. Depuis les élections locales, le peuple avait lancé un signal fort que le chef de l’Etat n’a pas pu décrypter. Persistant dans l’erreur, Macky Sall est donc devenu l’alpha et l’oméga de son parti mais aussi le seul pilier de l’Etat qui a entre ses mains le pouvoir.

Au lieu de satisfaire la demande du peuple, il a plutôt concentré son énergie contre son principal opposant en l’occurrence Ousmane Sonko. Ceci l’a finalement perdu et le conduit de plus en plus vers l’abîme. Avec ces signes qui sont de plus en plus désastreux au vu des résultats provisoires, il est légitime de se poser la question à savoir quant à l’avenir de ce régime.

L’homosexualité ou la loi qui a coulé le BBY dans les cités religieuses

Au début la lutte contre l’homosexualité était juste une affaire anodine que des gens accusés de lobbyistes avaient portée pour faire pression sur le régime. Mais que nenni puisque dans la démarche, les Khalifes généraux, les dignitaires de l’Eglise, les autorités coutumiers et une écrasante majorité du peuple sénégalais ont adhéré à ce combat et avaient exigé le vote de la proposition de la loi criminalisant l’homosexualité.

Malheureusement, le bureau de l’assemblée nationale va donc rejeter cette proposition et le parti au pouvoir va contre-attaquer au sortir des élections locales en taxant les dignitaires qui avaient porté la proposition de loi de maîtres chanteurs. Ce comportement discourtois marqué par une arrogance dont des responsables politiques de la mouvance ont fait preuve, a fini par braquer une partie de l’opinion en particulier dans les localités religieuses.

En Janvier 2022 lors des locales, la liste de la coalition benno Bokk Yakar a été laminée dans la quasi-totalité des villes religieuses. Comme une boule de neige, cette même dynamique a été maintenue ou même accentuée lors des législatives. A Touba (chez les mourides), Tivouavone (Tidiane), Kaolack (Niassène) Nguékokh (la famille Sakho) Médina (Famille Omarienne), Ndiassane (Les Khadres), Mpal (La famille Rawane Ngom), la coalition BBY a mordu la poussière. Cette posture du régime entraînant l’impuissance de ces hommes de pouvoir défendre leur leader, a fini de faire de Macky Sall un ennemi de nombreux fidèles.

Cela va être accentué avec l’emprisonnement de Cheikh Omar Diagne, réputé dans la lutte contre la communauté LGBTQ, pour une diffamation dont le plaignant, le député Djibril War, a soutenu contre les membres du collectif And Samm Jykko Yi des mots beaucoup plus vulgaires.

Dès lors, l’opposition en avait fait son casus belli pour enfoncer le régime dont les actes du ministre de la justice et du ministre de l’intérieur (considérés comme des chasseurs d’opposants et de la société civile) ont fini par accentuer l’impopularité du président Macky Sall. A cela s’ajoute la fameuse sortie du Macky Sall qui avait soutenu que «le Sénégal n’est pas encore prêt pour légaliser l’homosexualité ».

Sous entendant que ce n’est pas exclu que dans l’avenir elle soit autorisée, les pourfendeurs du régime avait dénoncé un supposé calendrier LGBTQ qui veut être introduit dans le système scolaire avec l’éducation sexuelle dès l’école primaire. Sur ce sujet, le président Macky était soit indéfendable soit ses partisans n’avaient pas assez d’argument pour faire renverser la tendance surtout la «notion genre» était déjà introduite dans certaines institutions de la république.

Troisième mandat, une phobie des sénégalais

Il est difficile de nier au président Macky Sall l’ambition de briguer un troisième mandat au vu des actes qu’il pose. Au lendemain de son élection pour son second mandat, le chef de l’Etat avait donné des instructions aux membres de la mouvance les interdisant de se prononcer sur « son » mandat.

Pourtant, il ne sanctionne que ceux qui défendent son impossibilité de briguer un troisième mandat. A travers les résultats des urnes, le peuple sénégalais vient donc de lui lancer un avertissement. Malheureusement, l’actuel chef de l’Etat semble s’agripper au pouvoir. Cette ambition non avoué a mis dos au mur tous ses leaders politiques qui ne parviennent plus à trouver les mots pour dire le contraire.

Le président Macky Sall oublie qu’un mandat de trop est devenu la chose la plus crainte au Sénégal. Pour rappel, en 2012 lorsque Wade a voulu briguer un troisième mandat, les conséquences étaient désastreuses entraînant 11 morts et des dizaines de blessés. Macky Sall a donc fini par installer une psychose au sein de la population qui ne veut pas entendre parler d’un troisième mandat.

Outre le troisième mandat, le chef de l’Etat semble en voulant à tout prix éliminé son principal opposant, à violer les règles élémentaires d’un chef d’Etat. Il faut savoir que les actes que le régime pose ont révolté une bonne partie de la population qui accuse le régime d’utiliser la justice comme bras armé de l’exécutif pour réprimer les opposants. Malgré les messages lancés à l’endroit du chef de l’Etat, Macky persiste dans les menaces.

Avec ce comportement révulsif, Macky aurait-t-il oublié qu’il dirige un peuple qui a la phobie de l’injustice. D’ailleurs entre 2008 et 2012, la victimisation l’aura profité au détriment des autres prétendants du fauteuil présidentiel comme Moustapha Niass, Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck, Ibrahima Fall, Cheikh Bamba Dieng et Diouma Dieng Diakhaté. Avec tous ces actes posés, Macky est l’artisan de sa propre défaite.

 

Le Mandat

Oumou Khaïry NDIAYE
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