A moins d’un an de la présidentielle de février 2024, le président de la République, Macky Sall, fait face à la multiplication des fronts. La jonction des fronts et des mécontentements risque d’être un cocktail explosif, une véritable bombe à retardement difficile à désamorcer
Décidément les dieux ne sont pas avec le président de la République. A moins d’une année de la fin de son deuxième et dernier mandat ou de son premier quinquennat, c’est selon, Macky Sall fait face à la multiplication des fronts. Confronté à une forte contestation de sa 3e candidature, aux manifestations violentes liées à l’affaire de l’opposant Ousmane Sonko et qui ont fait deux morts jeudi dernier, voilà qu’il doit faire face à un nouvel front ouvert par les enseignants.
Deux syndicats d’enseignants parmi les plus représentatifs le Cusems et le Cusems Authentique ont décidé de paralyser le système scolaire dès lundi en observant une grève de trois jours pour exiger la libération immédiate de tous les élèves et enseignants mais aussi pour dénoncer la «tentative d’assassinat» de Dame Mbodj le secrétaire général du Cusems Authentique dont la voiture a été criblée de balles sur la corniche, dans les coups de minuit, la semaine dernière.
Sept enseignants sont actuellement en prison, selon un communiqué du Cusems. La grève des enseignants risque de jeter dans la rue des centaines de milliers d’élèves qui vont grossir les rangs des manifestants. Le syndicat des Impôts et Domaines (Said) est également entré dans la danse en exigeant la libération immédiate de Waly Bodiang détenu «sans aucune charge».
A cela, il faut ajouter la cherté du coût de la vie malgré la baisse décrétée par le gouvernement sur le loyer et les denrées alimentaires. «L’inflation moyenne a atteint 9,7 %, son plus haut niveau depuis plusieurs décennies, en grande partie du fait de la flambée des prix des denrées alimentaires», a déclaré Edward Gemayel qui a conduit une équipe du Fonds monétaire international (Fmi), une mission au Sénégal du 8 au 14 mars 2023 pour faire le point sur l’évolution récente de l’économie.
La jonction des fronts et des mécontentements risque d’être un cocktail explosif, une véritable bombe à retardement difficile à désamorcer. Car la marge de manœuvre du chef de l’Etat est limitée. La manne pétrolière et gazière qui est supposée faire du Sénégal un Qatar bis n’est prévue qu’en fin d’année. L’incertitude de sa 3e candidature le fragilise. Même dans son propre camp, ceux qui n’espèrent plus ni poste ni argent vont bientôt commencer à donner de la voix.
Walf quotidien