Etats-Unis : Debout contre ce symbole d’un autre temps qui divise

Dans la capitale de la Caroline du Sud, en hommage aux neuf morts de la tuerie de Charleston, le drapeau américain et le drapeau de l’Etat ont été mis en berne. A quelques mètres de là, sur la pelouse au pied du siège du gouvernement, un autre drapeau a pourtant continué à flotter, le drapeau des confédérés, symbole de l’oppression des noirs et de la lutte contre l’abolition de l’esclavage.

Des milliers de manifestants se sont rassemblés, samedi 20 juin, devant le parlement local à Columbia, capitale de la Caroline du Sud, pour exiger le retrait du drapeau confédéré, où il continue de flotter. «Descendez-le», a scandé la foule jeune et métissée, qui a aussi entonné «We Shall Overcome» («Nous triompherons»), un chant emblématique des marches pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, et brandi des pancartes exigeant le retrait du drapeau confédéré, décision qui est du ressort du parlement local.

« Symbole de la haine»

La question de ce drapeau est sensible en Caroline du Sud et fait l’objet depuis des années d’un affrontement entre ses détracteurs, qui rappellent qu’il était le drapeau des Etats esclavagistes, et ses défenseurs, pour qui il symbolise simplement l’héritage de cette région des Etats-Unis. Cornell Brooks, président de la National Association for the Advancement of Colored People (Association nationale pour la promotion des gens de couleur), une organisation de défense des Afro-Américains, s’en est violemment pris à ce drapeau au siège de la NAACP à Charleston :

« Nous ne pouvons pas avoir le drapeau confédéré flottant dans la capitale. Certains vont dire qu’il s’agit simplement d’un symbole d’une période révolue, d’un héritage et non de la haine. Mais lorsqu’on sait que ce drapeau est utilisé comme symbole de la haine, comme outil de la haine, comme inspiration de la haine et de la violence, ce symbole doit être détruit. »

Une pétition nationale a rassemblé plus de 370 000 signatures sur le site MoveOn.org, dénonçant le drapeau confédéré comme un «symbole de la rébellion et du racisme» et appelant à «de meilleurs Etats-Unis d’Amérique». Barack Obama a estimé que ce symbole des Etats du Sud avait sa place dans un musée.

Au contraire, Lindsey Graham, sénateur républicain de la Caroline du Sud et candidat à la primaire républicaine, a pris la défense du drapeau, expliquant qu’il « faisait partie de ce que nous [les Sud-Caroliniens] sommes ». Dylann Roof, le jeune homme qui a avoué le massacre de Charleston, conduisait une voiture sur la plaque minéralogique de laquelle figurait un drapeau confédéré.

«Contre les valeurs» américaines

Comme le rappelle par exemple le magazine Mother Jones, ce drapeau a connu une deuxième vie dans les années 1960, lorsqu’il a été arboré en opposition au mouvement des droits civiques. Pour David Goldfield, professeur d’histoire à l’université de Caroline du Nord, interviewé par ABC News, «du point de vue de l’historien, le lien entre le drapeau confédéré et les idées suprémacistes blanches est sans ambiguïté». « C’est un symbole qui n’est pas simplement lié à l’histoire (…). C’est devenu un symbole de la rébellion contre ce que je considère être tout simplement les valeurs de base américaines d’égalité, de liberté et de justice », explique pour sa part Don Doyle, professeur d’histoire à l’université de Caroline du Sud, interrogé par l’agence Reuters.

En 2000, une grande manifestation avait obtenu que ce drapeau soit retiré du Capitole (le siège de l’Assemblée de l’Etat). La Caroline du Sud était alors le dernier Etat américain à le faire flotter sur le siège de son Assemblée. A la suite de nombreuses protestations et d’un vote des députés, il a été déplacé à seulement quelques dizaines de mètres de là.

S’il revient à Mme le gouverneur de l’Etat, Nikki Haley, d’ordonner la mise en berne des drapeaux de l’Etat et des Etats-Unis, elle n’a pas d’autorité légale s’agissant du drapeau confédéré. La loi de l’Etat prévoit que seul le Parlement dispose d’une telle autorité.

Source ‘’Le Monde.fr’’

(Titre de la rédaction )

Momar Diack SECK
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