Entrée historique de Soham Wardin à la Mairie de Dakar : Entretien avec Fouad Wardini, son frère, pour le Portrait d’une Sénégalaise, bon teint

Mais qui est-elle ? Qu’est-ce qui a marqué son enfance et forgé son charisme ? D’où est parti son leadership féminin ?  Elle, c’est Soham Wardini. Soham Wardini, 64 ans, élue samedi première femme maire de Dakar entre assurément dans l’histoire de la capitale du Sénégal.

Fouad Wardini, son frère, juriste de profession, dans un entretien accordé à votre site www.lactuacho.com revient sur le parcours de la petite fille de Serigne Modou Guèye, un  « Dieuwrigne-lieutenant » de Serigne Fallou Mbacké, deuxième khalife général des Mourides.

« Nous sommes onze bouts de bois de DIEU, issus d’une famille née à Latmingué, un village situé à 20 km de Kaolack où les cadets sont nés. Soham Wardini, est l’aînée de cette famille sénégalaise, bon teint… » C’est par ces propos que Fouad, le quatrième de la lignée d’un homme très proche de Serigne Fallou Mbacké, un Chef religieux très connu, deuxième khalife général des mourides.

Leur mère Soukeyna est une fille de Serigne Modou Guèye, un « dieuwrigne » ou bras droit de Serigne Fallou que sur certains photos d’archive, on pouvait arborant un fusil sur son épaule. Après des tiraillements et opposition autour d’un projet de mariage, unie à Wardini, leur père, un commerçant Libano-syrien établi à Kaolack, elle mettra au monde enfants.

Elever sa famille dans les valeurs intrinsèques de l’Islam

Avec le décret divin, leur père quittera très tôt ce bas-monde, en 1967, laissant la plupart de ses enfants en très bas âge. C’est là, explique Fouad Wardini, qu’a commencé à émerger la vaillance d’une maman, restauratrice et ménagère de profession, qui compte relever le défi d’éduquer sa famille toute seule, dans les valeurs intrinsèques, religieuses et ancestrales

Comme dans de nombreuses familles africaines, le caractère d’un homme se forge à une fille aînée, quand on est éduquée loin de l’autorité paternelle. C’est ainsi que Soham a grandi sous l’aile maternelle, avec toujours des valeurs de la société sénégalaise d’hier : se conformer aux règles religieuse, cultiver la solidarité, être toujours parmi les premiers dans les études…

Sous cette carapace, selon Fouad, sa sœur, s’est forgée un caractère de battante. Armée des leçons et valeurs imbibées par sa maman, elle fera un parcours sans faute, jusqu’à décrocher le bac au lycée de Kaolack.

Première Miss-Sénégal et Miss-Sénégambie

Métisse, (issue des liens d’un mariage entre une maman sénégalaise et un père libano-syrien), Soham Wardini, d’un avis unanime, était très belle et malgré son jeune âge très courtisée.

Eduquée loin du côté mondain, Soham s’ouvrira pourtant, avec l’approbation de ses proches, une sortie culturelle et récréative qui entrera aussi…dans l’histoire : A la première édition du « Concours Miss Sénégal » du début des années 1970, elle se présente et remporte le trophée.

Cet événement jumelé avec celui de la Gambie, un pays frère presqu’aux us et coutumes identiques à celui du Sénégal, c’est Soham qui remporte aussi la palme.

Ainsi devint-elle la première Miss-Sénégal et Miss-Sénégambie.

Leader de mouvements associatifs

Cette page récréative tournée, Soham Wardini  viendra à Dakar pour poursuivre ses études supérieures à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avec l’anglais comme option. C’était  entre 1972 et 1974…

Elle s’est établie au quartier Castors chez son oncle, jusqu’à ce que la famille se réunisse finalement dans son intégralité à Dakar, en 1978. Avec la perte d’une sœur (Samira) et d’un frère (Amdy un militaire), deux événements malheureusement marqueront aussi sa vie.

Dans son rôle d’ainée, après ses études supérieures, elle exercera comme professeur d’anglais dans  certains collèges, comme le CEM Adama Diallo de Sicap Karack. Mais parallèlement, Soham Wardini entamera des activités bénévoles dans certaines associations avec des appuis pour les personnes diminués, les lieux de cultes. Et son charisme aidant,  à chaque fois, les membres lui cédaient les rênes du pouvoir.

Peu à peu, elle se tisse des liens assez solides avec les populations sans être dans aucune obédience politique.  Une initiative qui dure depuis des années. Entre-temps cette beauté qui fut la première Miss Sénégal se marie et de cette union naitra quatre enfants, (deux garçons, deux filles), avant que le destin ne la sépare de son mari. Un divorce…

La politique pour combler un vide…

Selon son frère, Fouad, comme pour combler ce vide,  elle investit de plus en plus dans ces activités associatives. Ce sont ces actions sociales qu’elle faisait au niveau des mosquées, des femmes et personnes démunies qui l’ont poussée à participer à dautres associations bénévoles. Son charisme aidant, elle a été mise au devant de tout ce qui se passait dans les quartiers environnants ou ses lieux d’exercice.

« On peut dire que c’est de là qu’elle a commencé à aimer la politique, c’est-à-dire gérer les populations et c’est dans ce cadre que Moustapha Niasse, actuellement président l’Assemblée nationale s’est rapproché d’elle. Le parti ’AFP sera le lieu de ses premiers pas en politique. Malgré le gel de ses activités dans ce parti, elle n’a pas démissionné. Ne se sentant plus à l’aise, elle a préféré accompagner et soutenir Khalifa Sall », explique Fouad.

Elle fut la 4e ou 5e adjointe lors du premier mandat de Khalifa Sall, puis première femme adjointe au Maire de Dakar, pour être aujourd’hui première femme Maire de Dakar.

 

Momar Diack SECK
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