Emprisonnés suite aux affrontements a Medina Gounass : Les anciens détenus racontent l’enfer carcéral au Khalife

L’As- Les mots tenus devant leur guide témoignent d’une chose : la brutalité. En effet, quelque 24 heures après leur libération, les personnes arrêtées lors des affrontements communautaires sanglants qui ont éclaté à Médina Gounass le jour de la Tabaski, le 17 juin dernier, ont rencontré le Khalife de la cité religieuse, Thierno Amadou Tidiane Ba.

D’un seul mot, ces personnes qui viennent d’être élargies de prison au «bénéfice du doute» après une dizaine de jours de détention préventive, ont d’abord présenté leurs excuses au Khalife de Médina Gounass. Ils ont, dans le même temps, décrié l’enfer qu’ils disent avoir subi lors de leur garde à vue à la brigade de la gendarmerie de Médina Gounass.

Dans une vidéo relayée par la presse locale, un ex détenu qui ne s’est pas présenté a fait savoir que sur les 180 personnes arrêtées dans la ville de Médina Gounass, lors de l’éclatement des affrontements, 80% n’ont rien fait.

Il y en a, dit-il, qu’on a trouvé jusque dans leurs domiciles pour les arrêter, certains dans la rue, et d’autres à leurs lieux de travail.

«Lors de notre garde à vue à Médina Gounass, nous avons été victime de l’arbitraire. Nous avons été brutalisés, torturés et envoyés en prison. On nous a exposés sous le soleil. Non seulement nous ne pouvions même pas nous asseoir correctement mais aussi les gendarmes nous empêchaient de dormir. Si quelqu’un somnole, les gendarmes versent de l’eau sur lui pour l’empêcher de dormir en lui donnant des coups de fouet. Ce qui fait que lorsqu’on nous a transférés à la prison de Kolda, nous étions soulagés par rapport à la brutalité que nous faisaient subir les gendarmes», a-t-il témoigné devant le Khalife

Décrivant une brutalité inouïe, Thierno Siradio Athie, un des détenus, a fait savoir que parmi eux, il y en a qui n’ont pas encore récupéré tous leurs objets. Selon lui, la gendarmerie ne leur a pas encore remis leurs téléphones, leurs vélos et motos qu’elle a confisqués et même leur argent pour certains d’entre eux.

«Des gendarmes nous ont dit, pour nous casser, que nous devons nous rendre à l’évidence que le régime de Macky Sall est terminé. Maintenant, c’est le régime de Diomaye : ‘’vous, les gens de Médina Gounass, vous pensez que le pays vous appartient. Le pays appartient à Diomaye’’. Les gendarmes nous ont dit que le village n’appartient pas à Thierno Mamadou Saidou Ba : ‘’nous allons vous apprendre à être disciplinés’’. Ils tenaient toutes sortes de paroles que nous nous gardons de répéter. Si vous rouspétez, les gendarmes vous frappent à l’aide de leurs armes. Même pour aller aux toilettes, les gendarmes se mettaient à nous frapper en se relayant», a narré Thierno Siradio Athie qui, malgré toute cette brutalité, dit souhaiter que la paix puisse revenir dans la ville de Médina Gounass.

Oumou Khaïry NDIAYE
Up Next

Related Posts