Dans son livre Appels d’empire, le grand politologue libanais Ghassan Salamé explique que dans le projet colonial, «souvent le missionnaire précédait le militaire». Aujourd’hui, «c’est l’humanitaire qui précède le militaire».
Ce que Salamé théorisait dans les années 1990, il le vivra dans la pratique quand il a été représentant spécial des Nations unies en Libye, un pays où l’humanitaire Bernard-Henri Levy a précédé les militaires de l’Otan. BHL est venu en Libye, a lancé un appel, a fait le tour des télés et magazines, a rencontré Sarkozy, et on connaît la suite : une guerre qui détruit la Libye qui, plus de dix ans après, a du mal à ses relever.
Les humanitaires et certaines Ong en général jouent le même rôle de cheval de Troie de l’arrogance occidentale dans le choc des valeurs. L’universel est toujours l’universalisation d’un particularisme.
L’homosexualitéest un particularisme que l’Occident veut universaliser en avançant masqué derrière des valeurs comme la liberté ou les droits de l’Homme, mais surtout en enfourchant le cheval de Troie des Ong, comme elle a eu à le faire avec les missionnaires et les explorateurs pour préparer et justifier la colonisation, ou avec des humanitaires pour justifier et légitimer certaines interventions et ingérences militaires comme en Libye ou en Somalie.
Pour comprendre le discours des Ong, il faut juste en tracer le financement. Ainsi, on comprend aisément la dernière position d’Amnesty Sénégal, qui part en croisade pour la défense des gays. Tracer le financement permet de comprendre pourquoi certaines Ong sont devenues des rentiers de la tension électorale ; d’où ce débat sans fin sur le Code électoral, malgré le fait que l’alternance soit devenue la respiration naturelle de notre démocratie. Pour sauver leur financement, certaines Ong sont prêtes à nous condamner à un éternel recommencement.
Nous ne sommes pas dans le choc des civilisations qu’annonçait Samuel Huntington, mais nous sommes dans un choc de valeurs. Et dans celui-ci, nous devons défendre nos valeurs, mais aussi rappeler à l’Occident ses valeurs, dont une des plus importantes est le relativisme culturel si cher à Levi Strauss ; en d’autres termes rappeler à l’Occident le fameux, «vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà». Nous sommes au-delà des Pyrénées, où un particularisme qui s’appelle polygamie est une valeur qu’on ne cherche pas à imposer de l’autre côté.
Dans ce choc des valeurs, pour permettre à l’Occident de redécouvrir cette grande valeur du relativisme culturel, on devrait poser le débat sur l’interdiction et la persécution légale de la polygamie. On leur dirait alors, si vous n’acceptez pas la polygamie (qui est un particularisme chez nous) en Europe, alors ne nous imposez pas un débat sur l’homosexualité.
Quelle serait la réaction de l’opinion en France ou en Angleterre, si des Ong islamiques cherchaient à poser le débat et à imposer la polygamie comme valeur universelle, et mettaient la pression sur les gouvernements pour faire légaliser cette valeur ?
Ce serait Shoking évidement. Toute chose étant égale par ailleurs, c’est la même chose pour nous en ce qui concerne la légalisation de l’homosexualité. Oublier volontairement ses propres valeurs comme le relativisme culturel, et vouloir nous imposer un débat sur l’homosexualité, par le biais du cheval de Troie des Ong ou le chantage politico-économique, relève de l’arrogance. Une arrogance si occidentale
Balises du journal « Le Quotidien »