Face à la pire crise diplomatique que connait la région du Golfe depuis des années, plusieurs pays du Maghreb préfèrent la neutralité. Ils ne prennent position ni pour l’Arabie saoudite, ni pour le Qatar. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie agissent avec beaucoup de prudence et optent pour le dialogue. Le Sénégal a rejoint mercredi 7 juin la longue liste des Etats en rupture avec le Qatar. Dakar a marqué le coup en rappelant son ambassadeur à Doha.
Etre à la même distance de deux parties, un équilibre délicat que ces trois pays du Maghreb cherchent à maintenir depuis le début de cette crise il y a quatre jours.
L’Algérie a été la première à réagir. Dès mardi, dans un communiqué officiel, elle exhorte les pays du Golfe à dialoguer et appelle à respecter sous toutes conditions le « principe de bon voisinage, de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures du Qatar ».
La Tunisie quant à elle exprime son inquiétude, tout en espérant voir les pays du Golfe dépasser cette crise. Le ministre des Affaires étrangères déclarait mardi à la presse : « Nous ne voulons plus de divisions, nous souhaitons que les pays du Golfe surmontent leurs différents en adoptant une solution qui satisfasse tous les partis ».
De son côté le Maroc, n’a pas encore réagi officiellement. Selon un diplomate à Rabat, le Royaume préfèrerait rester neutre. Le Maroc possède de très bonnes relations avec Riyad comme avec Doha. Il développe actuellement plusieurs grands projets économiques avec le Qatar.
Par ailleurs, la RAM, compagnie aérienne nationale marocaine, annonce la suspension de ses vols vers Doha. Elle assure que cette décision est due à des raisons techniques et non politique, ce que confirment les Affaires étrangères.
Le Sénégal rappelle son ambassadeur à Doha
Le Sénégal a rejoint mercredi 7 juin la longue liste des Etats en rupture avec le Qatar. Dakar a marqué le coup en rappelant son ambassadeur à Doha.
C’est une posture radicale, mais il n’y a « pas de rupture ou de suspension des relations diplomatiques », indique une source au sein du gouvernement sénégalais, qui complète : « Un conseiller va gérer les affaires courantes ».
Ce rappel de l’ambassadeur en poste à Doha est en tout cas un coup de semonce tant les relations entre le Sénégal et le Qatar semblaient idéales ces derniers mois : coopération économique, gestion secrète pour permettre l’accueil de Karim Wade à Doha.
Le parti de Washington
Cette lune de miel affichée vient de voler en éclat. Et Dakar, en exprimant dans ce communiqué – signé par le gouvernement et non par la présidence – son soutien à l’Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et à l’Egypte, se range, comme d’ailleurs en début de semaine pour le dossier Palestine-Israël, du côté des Etats-Unis.
Macky Sall était invité à Riyad le 21 mai dernier pour assister au discours de Donald Trump. Et c’est sans doute à cette occasion que les liens entre le Sénégal et les Etats-Unis se sont engagés et impactent donc désormais les relations avec le désormais ex-ami qatarien.
Source RFI