Depuis le début des affrontements meurtriers entre palestiniens et israéliens, les réactions sont mesurées du coté de la communauté internationale. Cette absence ou retard d’implication des Etats-Unis devrais-je dire, habituellement à la manœuvre dans ce dossier, est notamment en cause.
La spirale de la violence doit cesser au Proche-Orient dit-on. Juste un appel à l’arrêt des hostilités qui ont fait plus d’une centaine de morts et de blessés depuis Lundi.
A ce jour, la réaction internationale semble pour l’instant se limiter à des appels au calme.
Mais, est-ce suffisant?
Je ne le pense pas.
Et puis, quelle explication donner à la réaction très timide de la communauté internationale?
Parmi les raisons, on peut sans risque de se tromper, évoquer la mise en retrait des gendarmes du monde sur le sujet.
Les Etats Unis ne se pressent pas pour réagir. Peut-être, ils ne veulent pas utiliser leur capital politique sur ce sujet. Tout ce que l’on voit c’est un Joe Biden qui ne veut pas se positionner face à ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie.
Avec tout ce que l’on voit de ces pires combats que la région ait connus depuis des années, il n’est pas facile de cacher ses peurs au moment où des centaines de missiles israéliens frappent Gaza.
Eh oui de peur que la prochaine bombe frappe sa maison.
Tenez, l’autre soir, lors d’un sujet de reportage à la télévision, une femme malheureuse qui vit avec son mari et ses enfants dans un camp de réfugiés au centre de la bande de Gaza déclarait:
« Les nuits sont tellement effrayantes, cela peut transformer l’endroit où vous êtes censé être en sécurité en une tombe pour vous et vos enfants, tout peut s’effondrer du tic au tac. »
C’est très triste et c’est très peu de le dire ! Les images qui font le tour de la toile n’honorent pas Israël.
Qu’est ce qui empêche Israël de soutenir un État souverain pour la Palestine qui inclut le Hamas, et lève le blocus de Gaza et les restrictions de circulation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est?
Et surtout, que des accords raisonnables soient conclus concernant les frontières, les colonies juives et le retour des réfugiés.
Tout le monde le sait, les troubles sont alimentés en grande partie par une tentative de longue date des colons juifs de s’emparer des maisons des familles palestiniennes à Jérusalem-Est annexée par Israël.
Les affrontements de lundi devant la mosquée Al Aqsa , dans la vieille ville de Jérusalem où la police israélienne a tiré des gaz lacrymogènes auraient pu être évités.
Pour rappel, le 29 novembre 2012, l’ONU avait reconnu la Palestine comme un « État observateur non membre ».
Ce changement avait permis aux Palestiniens de participer aux débats de l’Assemblée générale et d’améliorer leurs chances d’être membres des agences et autres organes de l’ONU.
Mais le vote n’a pas créé l’État palestinien. Un an plus tôt, les Palestiniens avaient essayé mais n’avaient pas obtenu un soutien suffisant au Conseil de sécurité.
Mais il faut aussi considérer l’existence d’un important et puissant lobby pro-Israël aux Etats-Unis et le fait que l’opinion publique est généralement favorable à la position israélienne, de sorte qu’il est pratiquement impossible pour un Président de retirer le soutien à Israël.
D’ailleurs les États-Unis sont le seul pays à avoir une opinion favorable et positive d’Israël.
Malgré l’échange téléphonique de Joe Biden avec Abbas et Nétanyahou, ce week-end, tant que des deux cotés on ne renonce pas à la violence en reconnaissant l’État palestinien, le conflit va rester insoluble.
Pour un bref rappel historique, l’opposition arabe au sionisme s’est marquée avec de nombreuses émeutes et massacres et une révolte arabe entre 1936 et 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, ce sont les Juifs qui se sont révoltés. Ne pouvant plus le gérer, les Britanniques avaient transmis le dossier à l’Organisation des Nations unies qui, en fin 1947 vote le partage de la Palestine.
S’en est suivi le lendemain, une guerre civile qui a éclaté, et puis six mois plus tard c’est la première guerre israélo-arabe. Et il n’y a toujours pas de trêve en vue.
Et pourtant en 1994, Yitzak Rabin, Shimon Peres et Yaser Arafat avaient partagé le prix Nobel de la paix.
La semaine écoulée, les images qui tournent sur les réseaux et à la télévision parlent d’elles-mêmes, des massacres d’hommes et d’enfants innocents, des bureaux des groupes de presses internationaux AP et Al Jazzera bombardés. Un immeuble de 13 étages abritant des médias.
Vous conviendrez avec moi que la ligne rouge est encore franchie par Israël.
Aujourd’hui, le conflit s’est importé en Allemagne, en Angleterre en France… A Lyon, Marseille, Strasbourg, Lile, l’on a manifesté, alors qu’à Nice et à Paris, les manifs pro-palestiniennes ont été interdites.
Juste dire que: si on cherche le calme il faut appeler au calme. Il ne faut pas nourrir la polémique de la polémique.
Pourquoi interdire à des gens de s’exprimer sur le conflit et sur une recherche de paix?
Et les libertés fondamentales dans tout ça ?
Ce que l’on oublie, c’est: le droit de manifester doit être garanti et facilité par l’Etat, c’est la loi, la base du droit.
Avec cette liberté fondamentale qui n’est pas respectée, la démocratie est défaillante et c’est exactement ce qui s’est passé.
Il y’a aussi, la classe politique qui s’est trés vite emparée du sujet en faisant de la récupération politique, avec notamment des réactions qui étaient binaires et fallacieuses.
La remarque est qu’aujourd’hui, dans ce pays dit « des droit de l’homme », on ne peut plus manifester et dire ce que l’on pense sans se faire insulté ou traité d’antisémite.
Fallait-il interdire une manifestation pacifique à la recherche d’une paix?
C’est à la limite hallucinant, dés qu’on n’est pas d’accord, on tombe tout de suite dans l’insulte.
En tout cas, si cette escalade de violence se poursuit, cela risque d’être encore plus problématique et la frilosité pourrait durer encore.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur