Comment allez-vous ? Par Khady Gadiaga

Alors, ça va ? » « Tu vas bien ? » Plus qu’une véritable question exigeant une réponse sincère et réfléchie, « comment ça va ? » est une phrase rituelle qui sert à entrer en communication avec l’autre et se décline dans toutes les langues. Il est d’usage de répondre : « Je vais bien », car celui qui questionne n’a pas forcément envie d’écouter le récit de nos malheurs.

« Ça va ? » sous-entend : « J’espère que la vie est clémente avec toi et qu’elle t’offre ce que tu attends d’elle. »

Il va sans dire que notre existence est ponctuée de «legs de la désolation »…

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il faut avoir personnellement connu la souffrance pour être vraiment humain. Toujours porteuse d’un sens, elle nous éclaire sur nous-mêmes et sur les autres. Elle nous rend capable de percevoir les sentiments éprouvés par autrui, sans forcément les partager – ce que l’on appelle l’empathie. Elle est le symbole même de la complexité de l’existence. Le plus souvent, elle résulte du sens, de la valeur affective que nous accordons à des échanges ou à des événements.

Aller bien est de l’ordre du ressenti, de l’éprouvé. Et cette sensation n’apparaît que si les trois conditions suivantes sont réunies : être en paix avec son passé (je n’ai pas de regrets, le remords ne me tourmente pas) ; apprécier le présent (aucun conflit ne me divise) ; ne pas craindre l’avenir (l’espoir est la plus belle découverte de l’être humain).

Aller bien, c’est aussi expérimenter l’harmonie entre les trois dimensions de l’existence : le réel, l’imaginaire (la capacité d’élaborer des projets) et le symbolique (la sphère des échanges et de l’affectivité).

Je me contenterai simplement de poser que parler, aimer, aider sont les trois actes qui nous rendent réellement humains et donnent une saveur à l’existence.

Sans la parole, aucune vie psychique, aucune intériorité n’est possible.

L’amour est nécessaire à l’épanouissement de l’être, exactement comme l’eau et le soleil sont indispensables à la vie. Et j’estime que l’entraide est indispensable à la pérennité de l’humanité en nous ; c’est l’équivalent pour le psychisme de la reproduction biologique pour la perpétuation de l’espèce.

L’adversité recalibre notre regard sur le quotidien, des petites choses sur lesquelles on peut malgré toutes nos contingences, porter un regard reconnaissant, positif, appréciatif. Par exemple, dans le contexte d’une santé chancelante, être en mesure de pouvoir se soigner ou de difficultés financières, pouvoir disposer d’eau et d’électricité, contribue à amenuiser sa détresse.

Redécouvrir ce qu’il y a de bien dans ma vie, valoriser tout ce que je considérais jusqu’alors comme naturel, dans une posture “d’habituation hédonique”, recrée du positif.

Je m’accorde des pauses plaisir dans les moments de vicissitudes de la vie…Savourer une douceur quand tout s’effondre, c’est tout un art… C’est de l’optimisme lucide.

Le monde ne déçoit jamais, il se fiche de nos états d’âme, il a toujours un soutien à nous offrir pour peu qu’on le veuille et qu’on se rende disponible à l’émerveillement… Le but est de retrouver une capacité à s’extasier, comme un enfant : “Chic, je peux savourer l’instant présent ! »!

Focalisons-nous sur tout ce qui va. Seul un pan de notre vie gardera des cicatrices…

K.G 06 février 2025

Mamadou Nancy Fall
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