Combats contre le MFDC : Après la victoire militaire, l’armée engage la guerre économique en Casamance

En lançant son assaut en Casamance pour anéantir les dernières bases rebelles, l’Armée veut aussi mettre fin à l’économie de guerre entretenue autour du trafic de bois, de la culture du cannabis et d’autres activités illicites. Ce faisant, nos Jambaars se muent en « soldats de l’économie » et veulent créer les conditions d’une relance économique dans la région. Exit la bataille militaire ; la guerre économique s’engage.

La défense de nos forêts, c’est justement l’une des missions principales actuellement en cours pour défendre la forêt de Casamance. Mes instructions ont été très claires, nous ne pouvons plus accepter qu’un seul arbre soit abattu en Casamance pour être exporté hors de nos frontières».

Ces propos du Président Macky Sall lors de la cérémonie de prise d’armes marquant la célébration du 62e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, le 4 avril dernier, est sans équivoque sur la mission assignée à l’armée en Casamance.

L’assaut lancé depuis le 13 mars dernier vise en effet un double objectif. D’abord, raser les dernières bases rebelles pour laver l’affront de Salif Sadio qui, il y a deux mois, s’est attaqué à un détachement de l’armée sénégalaise déployé en Gambie dans le cadre de la mission militaire ouest-africaine (Ecomig). Une attaque ponctuée par la mort de quatre soldats sénégalais alors que sept autres avaient été pris en otage. Lesquels avaient non seulement subi de mauvais traitement, mais ont aussi été exhibés par les rebelles dans une posture plutôt humiliante.

Des soldats à genoux, humiliés par des chefs rebelles ! La scène avait tellement choqué qu’elle ne pouvait pas rester impunie. Et, naturellement, la réaction des Jambaars a été à la mesure de l’affront avec huit bases rebelles totalement rasées, plusieurs rebelles tués, des armes et des véhicules saisis et Salif Sadio et une poignée de fidèles contraints à la fuite. Bref, l’armée n’a fait qu’une bouchée des dernières poches de résistance de la rébellion.

Cet objectif militaire largement atteint en l’espace de neuf jours (du 13 au 22 mars), voilà que l’armée s’emploie à réaliser le second objectif cet assaut.

Haro à l’économie de guerre !

Il faut se réjouir que ce second volet de la présence militaire en Casamance soit plutôt bien engagé. Pour rappel, avant même les instructions fermes du Président Macky Sall à mettre fin au trafic de bois, l’Armée en avait fait une priorité.

C’est ainsi que « 77 camions transportant illégalement du bois issu des forêts sénégalaises ont été immobilisés ces cinq derniers mois, par les Forces de défense », annonçait ainsi un communiqué de la Dirpa, rendu public le 25 janvier dernier. Ce qui n’a pas empêché récemment la mort de deux (02) soldats sénégalais en patrouille le long de la frontière nord de la Casamance et la disparition de neuf (09), en relation avec l’exploitation abusive des forêts casamançaises.

D’où l’invite du chef de l’Etat à l’armée à se montrer encore plus déterminée à combattre ce pillage abusif et organisé en raison de la présence de Chinois et d’Indiens implantés en Gambie et quelques fois en Guinée-Bissau et la complicité parfois de populations locales et d’éléments armés appartenant au Mfdc.

En tout cas, le combat engagé par l’Armée contre ce trafic de bois est d’autant plus vitale pour la Casamance qu’il s’accompagne de la destruction et du pillage des terres agricoles, contribuant ainsi à l’installation d’une économie parallèle.

Bien plus que le seul trafic de bois, c’est donc toute cette économie qu’il faut démanteler puisque la rébellion se nourrit aussi méthodes de financements telles que la taxation des produits du trafic illicite (chanvre indien, bois lignager), des braquages de véhicules, de commerces, de villageois et du vol de bétail.

Les seules récoltes de dons ne suffisant plus à approvisionner en totalité le maquis. Et c’est tout l’enjeu de la guerre économique que l’Armée a décidé d’engager à présent en Casamance après avoir triomphé militairement à la suite de son assaut du 13 mars dernier. Et il est heureux que ce second volet soit manifestement bien engagé.

Le Vrai Journal

 

Saphiétou Mbengue
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