Bonne gouvernance : Jacob Zuma capitule et annonce enfin la création d’une commission d’enquête sur la corruption

Cette commission d’enquête sur la corruption était très attendue depuis le rapport rendu par la médiatrice de la République il y a plus d’un an. Après s’y être opposé par tous les moyens possibles, le président sud-africain a finalement annoncé la création de cette commission d’enquête, mardi 9 janvier. Jacob Zuma, qui est impliqué dans une série d’affaires de corruption ou de malversations, assure avoir « pris conscience que cette affaire préoccupait l’opinion publique. »

« J’ai décidé de nommer une commission d’enquête », a fait savoir le président sud-africain dans un communiqué. Réclamée à cor et à cri par ses adversaires depuis des mois, cette décision intervient un an après la publication d’un rapport officiel très compromettant pour le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2009.

Publié fin 2016, ce document a mis en lumière l’implication d’une puissante famille d’hommes d’affaires, les Gupta, dans la gestion des affaires de l’Etat sud-africain, de la nomination de ministres aux pressions pour obtenir des contrats publics.

Jacob Zuma, qui a concédé être un ami de la famille Gupta, a toujours vigoureusement nié les avoir favorisés de quelque manière. Mais pour l’analyste Liesl Louw de l’Institut d’études sur la sécurité à Prétoria, le président sud-africain n’avait plus vraiment le choix, à la veille d’une réunion cruciale de la nouvelle direction de son parti.

« Cette annonce est liée à sa position politique où, il est aujourd’hui très très affaibli et même en danger de perdre son poste, estime Liesl Louw. Mercredi, il y a une réunion du comité exécutif de l’ANC pour éventuellement discuter de sa possible démission. Jacob Zuma est affaibli et il veut montrer maintenant qu’il n’a pas peur d’une commission d’enquête sur les accusations de corruption. Pour que, si jamais demain il y a un débat au comité exécutif, ses soutiens puissent dire « non mais voilà, Jacob Zuma n’a rien à se cacher donc il n’y a aucune raison pour commencer une procédure de destitution ou lui demander de démissionner à cause de toutes ces affaires » ».

Indépendance de la justice

La commission d’enquête sera dirigée par le vice-président de la Cour constitutionnelle, Raymond Mnyamezeli Mlungisi Zondo, et, selon Liesl Louw, cette commission devrait avoir les mains libres pour travailler.

« Zuma a tout essayé ces derniers mois, rappelle-t-elle. Il a essayé d’éviter cette enquête mais finalement, il a cédé. Zuma avait le dos au mur. Ces derniers mois, la Cour constitutionnelle, et la justice en Afrique du Sud en général, a pris à plusieurs reprises des décisions qui vont à l’encontre de Jacob Zuma et de ses tentatives de manipulation.

Je pense qu’en général, les Sud-Africains ont confiance en l’indépendance de la justice. »

Le principal parti d’opposition, Alliance démocratique, salue la création de cette commission et l’appelle à se mettre au travail le plus rapidement possible.

Source RFI

(Titre de la Rédaction)

Momar Diack SECK
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