Le choix d’Amadou Ba pour porter l’étendard de la coalition au pouvoir au scrutin présidentiel de février prochain continue de susciter des réactions au sein de l’Alliance pour la République (APR). Celle-ci n’a rien d’un soutien au champion de Benno Bokk Yakaar, mais sonne comme une mise en garde contre une éventuelle perte du pouvoir si l’animosité qui règne en maître dans le parti présidentiel ne s’estompe pas.
Dans un entretien avec la chaine youtube Amza221, l’ancien député APR de Grand-Yoff à Dakar, Abdoulaye Ndiaye lance un appel à tous ceux qui gravitent autour du président de la République à la rupture d’avec les vieilles pratiques de diabolisation entre frères apéristes.
Sans quoi, prédit-il, c’est sera une défaite assurée à la prochaine élection. « Une chose est certaine, si on n’arrête pas de diaboliser d’honnêtes personnes auprès de Macky Sall, si on ne va pas vers ces gens-là et leur parler, on risque d’avoir une grosse surprise. Les mêmes causes vont produire les mêmes effets au soir du 25 février 2024 », avertit Abdoulaye Ndiaye pour qui, il urge « au sein de l’APR qu’on se pardonne, qu’on se donne la main ».
Militant de la première heure, depuis le 9 novembre 2008 quand Macky Sall faisait sa déclaration de rupture d’avec le Parti démocratique sénégalais (PDS), dit-il, Abdoulaye Ndiaye n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer le climat délétère dans son parti.
« Le parti va mal. Il faut avoir le courage de le reconnaître. Il y a beaucoup d’animosités en notre sein et cela n’en vaut pas la peine. Les gens doivent croire au décret divin et savoir qu’ils ne peuvent échapper à leur destin. On se détruit gratuitement dans ce parti. Ce n’est pas bien. Si on continue comme ça, on va perdre le pouvoir et quand on perd le pouvoir, on perd toutes les possibilités qu’on avait », met en garde celui qui se considère comme l’un des plus fidèles compagnons du président Sall.
Pour éviter cela, Abdoulaye Ndiaye préconise le dialogue sans duperie. « On doit se parler sincèrement, malheureusement, cette sincérité est une chose rare dans l’APR. Chacun cherche par tous les moyens déloyaux à surpasser son prochain. C’est une chose que j’ai vécue comme d’autres également l’ont vécue. Cela nous a bloqués », soutient-il, tétanisé.
Rupture de dialogue entre le sommet et la base apéristes A l’en croire, le problème de l’APR, c’est que le sommet ne prend jamais langue avec la base, alors que ceux et celles qui sont à la base peuvent parfois être plus stratèges et plus pertinents que ceux et celles qui sont au sommet, dit-il.
« Il est vrai qu’un choix n’a jamais fait l’unanimité, mais il y a une manière de faire avec la base qui fait que quelle que soit la personne choisie, les gens se rangeront derrière cette dernière », ajoute-t-il. D’ailleurs, Abdoulaye Ndiaye pense que qu’au sein de la coalition au pouvoir, les gens doivent éviter de se suffire du choix du président de la République, Macky Sall en songeant à contenir les frustrations des autres candidats déclarés.
« Si on avait anticipé sur cela, je pense que Aly Ngouille Ndiaye n’allait pas démissionner. Il faut chercher à savoir ce qu’on doit faire d’eux, quelle proposition leur faire pour que la famille soit unie. Le cas échéant risque de nous pénaliser », prévient-t-il. « Nous sommes dans un parti où les gens préfèrent s’entretuer plutôt que d’aller à l’essentiel »
Aujourd’hui, conseiller spécial du président du conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, Abdoulaye Ndiaye promet de se prononcer sur le cas de ce dernier, le moment venu. En attendant, il renouvelle son allégeance au président Sall.
Par ailleurs, Abdoulaye Ndiaye croit qu’au sein de l’APR, l’erreur commise a été de dire que Amadou Ba est le meilleur profile. « Sur quoi se basent-ils pour avancer une telle allégation ? Par prudence, j’ai dit qu’ADD est un excellent profil, ce qui ne veut pas dire que les autres ne sont pas bons. C’est un débat agité qu’il faut chercher à contenir pour éviter d’envenimer les frustrations. Nous avons suffisamment de problèmes pour qu’on en rajoute. Déjà, on a d’énormes difficultés pour reprendre la capitale, s’il faut en rajouter, je crois qu’on court à notre perte », fait noter Abdoulaye Ndiaye qui propose une autre approche, celle des négociations.
« Là, je vois qu’on est en train de s’attaquer à Aly Ngouille sur les réseaux sociaux, je crois qu’on ne doit pas pousser l’adversité à un point de non-retour. On ne sait pas comment la situation va se présenter demain, si Benno se retrouve au second tour, comment faire dans ce cas pour récupérer les frustrés ? Ce serait trop tard et c’est ce qu’il faut éviter. Il faut que dans l’APR, les gens sachent que les autres candidats déclarés sont dans le parti et qu’ils peuvent être utiles au 2ème tour si nous nous y retrouverons. Mais nous sommes dans un parti où les gens préfèrent s’entretuer plutôt que d’aller à l’essentiel », se désole le député apériste
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