Souvenir-Hommage : La Lettre de Mody Niang à Serigne Moustapha Saliou Mbacké

Dakar, le 04 mai 2005 À

Serigne Moustapha Saliou Mbacké, Marabout à Touba Darou Khoudosse

 

C’est moi qui avais demandé, avec beaucoup d’insistance, à mon ami Mamadou Nasir Touré de tout faire pour me permettre de vous rencontrer. Cette démarche, je l’effectue auprès de lui depuis de longues années. Vous avez donc accepté de nous recevoir, Mamadou Nasir, son épouse et moi-même, lors du dernier Gamou chez vous. À l’occasion d’ailleurs  (pour vous permettre de vous souvenir), je vous ai offert le livre que j’ai publié en 2004 sur la gouvernance Me Abdoulaye Wade.

Je viens à Touba depuis de longues années, à l’occasion des magals comme des Gamous ou d’autres occasions. Mais le gamou que j’ai passé avec vous cette année a été de loin meilleur que tous les autres. J’ai toujours eu pour vous beaucoup de respect et d’admiration. Vous êtes un homme d’honneur, un homme plein de dignité. Vous avez le comportement d’un fils de Serigne Saliou et d’un petit fils de Serigne Touba Khadim Rassoul.

Vous êtes une fierté pour tous les mourides « saadikh ». Il y a quelques années, on disait, à tort il est vrai, que les mourides ne sont pas instruits, ils ne comprennent pas l’arabe, etc. Aujourd’hui, personne n’ose plus tenir un tel langage. Après Serigne Abdou Lahat, Serigne Mouhamadou Mourtalah et Serigne Saliou votre illustre père avec ses nombreux « daara », vous avez, vous aussi, largement contribué à faire taire les contestataires, qui ne connaissaient le mouridisme que de loin.

Vous m’avez fortement impressionné pour la première fois en 1981, lorsque vous êtes venu représenter à Dakar le Khalife général des mourides, aux États généraux de l’Éducation et de la Formation, organisée par le président Abdou Diouf, qui venait d’accéder au pouvoir.

À l’occasion, vous avez fait une très belle intervention, une intervention remarquable, une intervention pas très longue mais très pertinente. Vous avez eu encore à m’impressionner dans d’autres circonstances, notamment quand, à l’occasion des « Leïlatoul Khadr » de feue votre tante Sokhna Maï, tous les autres Mbacké-Mbacké vous firent l’honneur de parler en leur nom. La dernière fois que vous m’avez comblé de plaisir et de fierté, c’est lors de votre intervention remarquable à l’occasion de la cérémonie officielle du dernier Magal de Touba. J’ai d’ailleurs rendu hommage à l’excellence de vos propos, dans un texte publié dans le journal « Le Quotidien ». Je joins d’ailleurs à cette lettre une copie de ce texte.

Serigne bi, ce qui vient d’être exprimé n’est pas de la flatterie, du « taggaaté ». Je ne suis pas un griot. Pas du tout. Je me considère simplement comme un disciple de Serigne Touba, un disciple qui prend du plaisir et s’honore de tout ce qui rehausse le mouridisme et s’indigne de tout, au contraire, qui cherche à lui faire du tort.

Votre saint père avait, au début de son califat, dit nettement aux talibés mourides la voie qu’il allait suivre. Il précisait notamment avec force qu’il ne vivait que par et pour l’Islam et qu’en dehors de cet Islam, il n’agirait ni dans un sens, ni dans un autre. Et, c’est ce cap qu’il maintient depuis lors, contre vents et marées. Tout bon mouride, tout mouride « saadikh » doit s’engager avec lui dans cette voie qu’il a clairement tracée et suit à la lettre.

Pour ce qui me concerne en tout cas, je n’entreprendrai rien qui ne conforte votre saint père dans son choix, sa décision de ne mêler rien d’autre à DIEU, à son Prophète et à Khadim Rassoul. Je condamnerai donc avec la dernière énergie toutes tentatives qui viseraient à mêler Touba et son khalife aux choses ici bas, surtout quand il s’agit de choses politiciennes. D’ailleurs, j’avais donné comme titre au texte que j’ai publié dans les journaux et dont je vous donne ici une copie : «Tenir la ville sainte de Touba hors des compétitions électoralistes ».

Vous vous rendrez également compte, si vous avez eu le temps de lire le livre que je vous ai offert, que dans de nombreux chapitres, je défends vigoureusement Touba et son saint Khalife, contre toutes les récupérations politiciennes.

La ville de Touba a coûté à Khadim Rassoul beaucoup de sacrifices, des sacrifices insupportables pour le commun des mortels. S’il s’est donné tant de peines pour la mériter et pour la créer, ce n’était pas pour que des aventuriers qui ne se soucient que de leurs intérêts bassement matériels, l’utilisent pour arriver à leurs seules fins. Ces aventuriers, je les ai dénoncés dans mon livre, je les dénonce tous les jours dans les textes que je fais publier dans les journaux.

Voilà, mon très cher marabout, ce que je tenais à vous dire. Je souhaite de tout mon cœur que mes relations avec vous se raffermissent et que j’aie la possibilité et votre autorisation, de venir vous rendre visite à Touba au moins deux fois par an. Cela me ferait un immense plaisir.

Je m’excuse de ne vous écrire cette lettre de remerciements que maintenant. J’envisageais de le faire dès le lendemain de mon retour de Touba. Malheureusement, ce même jour, je suis allé à Koki, mon village natal, présenter des condoléances à des parents qui étaient endeuillés. Je suis revenu du village très malade et j’ai dû garder le lit pendant quelques jours.

Pour terminer cette première lettre, je vous renouvelle mes sincères remerciements pour l’accueil chaleureux que vous nous avez réservé chez vous, Mamadou Nasir Touré, son épouse et moi-même. Je vous demande également de ne pas m’oublier dans vos prières.

Mody Niang,Cité Fadia villa . . . .

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Momar Diack SECK
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