À la veille de l’ouverture de la première session ordinaire de la 15e législature, tenue ce lundi 2 décembre 2024, Moustapha Sarré, porte-parole du gouvernement, a exposé les premières urgences législatives et politiques qui attendent la majorité parlementaire du parti Pastef. Dans un entretien diffusé sur Sud FM, dans l’émission Diano Bi, il a abordé des thématiques clés telles que la réforme institutionnelle, la reddition des comptes, et la souveraineté économique.
Vers une réforme du système judiciaire
Selon Moustapha Sarré, une priorité majeure consiste à renforcer l’indépendance des trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. « Pour assurer une véritable indépendance de la justice, il suffira de voter des lois adaptées, notamment pour réformer le Conseil supérieur de la magistrature », a-t-il déclaré.
Abrogation de la loi d’amnistie et reddition des comptes
Interrogé sur la loi d’amnistie, vivement critiquée depuis son adoption, M. Sarré a souligné que Pastef n’avait jamais soutenu cette législation. « Cette loi a permis la libération de nombreux détenus, mais elle ne peut occulter les faits graves survenus entre 2021 et 2024. Plus de 80 jeunes ont perdu la vie, plus de 1 000 arrestations ont eu lieu, des emplois ont été détruits, et de nombreux biens ont été vandalisés. Faire table rase de ces événements serait inacceptable », a-t-il affirmé.
Pour lui, abroger cette loi est une condition préalable à la reddition des comptes. « Il ne s’agit pas seulement d’identifier ceux qui ont détourné des deniers publics, mais aussi de situer les responsabilités dans les violences et les arrestations arbitraires. Tous les responsables devront répondre de leurs actes, faute de quoi les Sénégalais nous en tiendront rigueur », a-t-il averti.
Moustapha Sarré a assuré que les procédures en cours contre les anciens gouvernants avancent sans précipitation afin d’éviter les erreurs du passé. « Nous attendons de réunir toutes les preuves avant de situer les responsabilités », a-t-il précisé.
Souveraineté économique : une priorité législative
Le porte-parole a également annoncé qu’un projet de loi sur la souveraineté économique sera soumis à l’Assemblée nationale. « Aujourd’hui, 80 % de nos ressources sont contrôlées par des intérêts étrangers, ce qui explique pourquoi la croissance économique n’est pas perceptible par nos concitoyens. Il est impératif de renverser cette tendance par des réformes profondes », a-t-il expliqué.
Face à la transhumance politique
Interrogé sur l’arrivée massive d’anciens alliés du régime précédent dans le camp présidentiel, Moustapha Sarré a clarifié la position de Pastef. « Rejoindre notre mouvement ne protège personne ayant des démêlés avec la justice. Nous ne couvrons pas même nos propres militants poursuivis », a-t-il souligné.
Cependant, il a précisé que le parti tend la main à tous les Sénégalais aux « mains propres ». « Nous avons besoin d’unité pour relever les défis majeurs laissés par 64 ans de gestion erratique et de manque de vision. Ceux qui ont des responsabilités dans les détournements de deniers publics devront restituer ce qu’ils ont pris », a-t-il conclu.
Cet entretien, rapporté par Vox Populi, illustre les ambitions et les défis de la nouvelle législature dans un contexte marqué par de fortes attentes citoyennes.