Santé : La faim, une des pires formes de malnutrition, mais l’obésité fait aussi des ravages considérables, selon le Directeur général de la FAO

Le Directeur général de la FAO met l’accent sur la «globalisation de l’obésité» et exhorte les membres du G20 à garantir des régimes alimentaires sains

Pour faire face aux défis liés de la faim, de l’obésité et du changement climatique, la communauté internationale devrait prévoir une série de règles et de normes visant à transformer les systèmes alimentaires afin d’assurer des aliments sains et nutritifs pour tous, de manière durable, a déclaré  le Directeur général de la FAO.

Il a lancé cet appel lors d’une rencontre des Ministres de l’agriculture du G20 à Niigata, au Japon, axée sur les priorités d’investissement en matière de développement agricole durable, nous dit un communiqué de la FAO parvenu à notre Rédaction.

La faim est l’une des pires formes de malnutrition et il convient de s’y attaquer, mais nous devons garder à l’esprit que d’autres formes de malnutrition, notamment l’obésité, font aussi des ravages considérables et grandissants, a-t-il précisé. Et M. Graziano da Silva d’ajouter, cela ne sera possible qu’à travers des partenariats privés-publics forts.

La cause principale de la hausse de la prévalence de l’obésité et du surpoids est due à l’incapacité des systèmes alimentaires à garantir une alimentation saine, a souligné le Directeur général.

«Les systèmes alimentaires actuels n’arrivent ni à garantir une nourriture saine, ni à apporter les nutriments nécessaires pour mener une vie saine. Ils ne sont pas orientés vers la production d’aliments sains, mais juste d’aliments», a-t-il rappelé. «C’est pourquoi les gens mangent de plus en plus mal».

Alors que nous discutons de la contribution de l’agriculture au développement durable, nous devons considérer le fait que les défis alimentaires auxquels est confrontée l’humanité de nos jours comprennent également l’amélioration de la qualité des aliments, a insisté M. Graziano da Silva.

Actuellement, plus de deux milliards de personnes sont en surpoids. Un tiers d’entre eux (plus de 670 millions) est obèse, une condition directement associée à des risques plus élevés de maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, la cardiopathie et certaines formes de cancer.

Selon les prévisions, le nombre de personnes obèses devrait bientôt dépasser le nombre de personnes souffrant de la faim à l’échelle mondiale, qui s’élevait à 821 millions de personnes en 2017. C’est déjà le cas en Amérique latine et aux Caraïbes.

«Alors que la faim se limite principalement aux zones affectées par les conflits et les impacts du changement climatiques, l’obésité est partout: nous assistons à sa globalisation», a indiqué M. Graziano da Silva.

Huit des 20 pays affichant la hausse la plus rapide des taux d’obésité chez les adultes se trouvent en Afrique et quasiment la moitié des 38 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans en surpoids se trouve en Asie.

Globalement, ce problème a un coût exorbitant, il est estimé à 2000 milliards de dollars par an (ce qui équivaut à l’impact du tabagisme ou à celui des conflits armés) en termes de santé et de perte de productivité.

Les partenariats privés-publics sont essentiels

La promotion d’une bonne nutrition et d’une alimentation saine n’est pas une tâche individuelle, il s’agit plutôt d’une responsabilité publique qui ne se limite pas aux gouvernements, a indiqué le Directeur général: «Ce problème sérieux ne pourra être résolu qu’avec l’engagement du secteur privé et de la société civile. La régulation de systèmes alimentaires durables en faveur d’une alimentation saine nécessite également le soutien de l’industrie alimentaire».

Le Directeur général a cité l’exemple du Chili, où certains rapports établissent un lien entre la réduction de l’obésité infantile au développement d’un système d’étiquetage alimentaire placé à l’avant de l’emballage.

L’intelligence artificielle au service de l’amélioration de la résilience et de la productivité des agriculteurs familiaux

Graziano da Silva a souligné le fait que les avancées rapides en matière d’innovation agricole qui font face au changement climatique et soutiennent les agriculteurs familiaux sont essentielles à la réalisation des Objectifs de développement durable d’ici à 2030.

«Innover en faveur des agriculteurs familiaux et lutter contre les facteurs qui entravent la transition vers des systèmes agro-écologiques diversifiés devrait devenir une priorité majeure. La technologie à elle seule ne peut ni répondre aux défis mondiaux, ni renforcer les capacités des agriculteurs familiaux, elle peut cependant créer davantage d’options et faciliter le déploiement de solutions efficaces», a-t-il précisé. «Il est essentiel de s’assurer que la technologie soit au service des pauvres, qu’elle soit orientée vers un développement inclusif et qu’elle soit utilisée en vue de permettre aux populations de faire face aux différents risques et vulnérabilités».

Selon M. José Graziano da Silva, l’intelligence artificielle, le séquençage du génome et la mise en place d’un système de distribution des technologies sont d’une importance primordiale pour la transformation du monde technique de l’alimentation et de l’agriculture «pour le meilleur ou pour le pire».

Il a donné l’exemple de «Nuru», une application mobile novatrice développée par la FAO, en collaboration avec l’Université de Pennsylvanie (Pennsylvania State University), destinée à lutter contre la propagation rapide de la chenille légionnaire d’automne. Ce ravageur destructeur est apparu pour la première fois en Afrique de l’Ouest en 2016 et s’est ensuite rapidement propagé parmi tous les pays de l’Afrique subsaharienne, attaquant des millions d’hectares de maïs et menaçant la sécurité alimentaire de plus de 300 millions de personnes.

«L’application Nuru se base sur l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle. Elle peut marcher sur un téléphone Android ordinaire et fonctionne également hors connexion», a-t-il expliqué. «Avec Nuru, les agriculteurs peuvent positionner le téléphone à côté d’une plante infestée et l’application confirmera immédiatement s’il s’agit de la chenille légionnaire d’automne. Ce qui leur permet d’agir dans l’immédiat afin de détruire le ravageur et d’en stopper la propagation».

Oumou Khaïry NDIAYE
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