Les femmes ont voté hier pour la première fois en Arabie Saoudite

Ce samedi 12 décembre 2015 restera dans l’histoire comme la date du premier scrutin ouvert aux femmes en Arabie saoudite, pays ultra-conservateur, où la totalité du pouvoir est détenue par la famille royale. L’élection portait sur le choix des conseils municipaux et seules 130 000 femmes s’étaient inscrites sur les listes électorales.

Des élections ouvertes pour la première fois aux femmes, candidates et électrices, se sont tenues samedi en Arabie saoudite, un scrutin perçu comme un timide progrès dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l’islam.

Les bureaux de vote ont fermé à 17h00 (14h00 GMT). Un responsable électoral, Mohamed al-Kharji, a dit dans la journée que la participation était « meilleure » qu’en 2011, en raison de l’impulsion donnée par les jeunes et les réseaux sociaux.

Aucune précision n’a été donnée par les autorités quant à la date de l’annonce des résultats.

En très grande majorité voilées et vêtues d’abbayas noires couvrant leur corps de la tête aux pieds, des Saoudiennes ont participé à ces élections municipales, même si les chances de voir des candidates élues sont minces.

L’Arabie saoudite était le dernier pays à dénier à ses citoyennes le droit de vote. Ce royaume est l’un des plus restrictifs au monde pour les femmes qui n’ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l’accord d’un homme pour travailler ou voyager. C’est ainsi conduites en voiture par un homme que les femmes se sont rendues samedi dans les bureaux de vote.

Electeurs et électrices devaient choisir entre 6.000 candidats hommes et 900 femmes.

– ‘Étape très positive’ –

Tous briguaient un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules dans le royaume à être composées de représentants élus.

La mixité dans les lieux publics étant interdite, les Saoudiennes en campagne n’ont pu rencontrer que leurs électrices qui étaient 119.000 à s’être inscrites pour la première fois sur près de 1,5 million d’électeurs, selon des chiffres officiels.

Des femmes ont affirmé que l’enregistrement des électrices avait été compliqué par des obstacles bureaucratiques, par un manque d’informations.

Dans un contexte où moins d’un électeur sur dix est une femme, peu de Saoudiennes s’attendent à être élues, mais certaines pourraient entrer dans les conseils municipaux en étant nommées par le pouvoir, un tiers des sièges étant pourvus par désignation.

« Nous avons déjà gagné en nous présentant », a toutefois souligné Mme Saouari.

Pour Aljazi al-Hossaini, consultante de 57 ans qui a mené campagne principalement surinternet, « même une seule victoire (d’une candidate) serait un progrès ».

Pour d’autres Saoudiennes, l’expérience électorale a tourné court.

Loujain Hathloul, militante emprisonnée deux mois après avoir tenté en 2014, d’entrer dans le royaume au volant de sa voiture depuis les Émirats arabes unis a vu sa candidature rejetée.

Une disqualification annulée seulement deux jours avant la fin de la campagne, a annoncé la militante sur Twitter, lâchant: « Ce n’est pas juste ».

Une électrice a, elle, raconté que la candidate pour laquelle elle voulait voter avait dû se retirer face à l’opposition de dignitaires religieux.

Les liens tribaux régissant la société patriarcale saoudienne demeurent un facteur clé du scrutin.

La campagne a été active sur les réseaux sociaux, l’Arabie saoudite étant l’un des pays au monde où l’on compte le plus grand nombre d’utilisateurs par rapport à la population. Certaines femmes ont même posté leurs photos le visage découvert.

Human Rights Watch a salué ces élections comme un pas vers une plus grande participation des femmes dans la vie politique, tout en soulignant que « l’Arabie saoudite continue de discriminer les femmes à travers une myriade de lois, de politiques et de pratiques ».

Le roi Abdallah, prédécesseur de Salmane, a initié cette ouverture en accordant en 2011 aux Saoudiennes le droit de vote et d’éligibilité.

L’Arabie saoudite est une monarchie absolue où toutes les grandes décisions politiques sont prises par la famille royale.

« Ces élections sont importantes car elles sont un avant-goût de scrutins plus importants à venir », a dit l’électeur Ahmed Soulaybi. Cependant, « il nous faudra 10 à 20 ans avant d’élire directement un Parlement ».

Source nouvelobs.com

Michel DIEYE

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