La coupe illégale de bois et le trafic de drogue figurent toujours parmi les infractions sous-jacentes au blanchiment les plus préoccupantes dans la région de Ziguinchor (sud), a déclaré, lundi, le commissaire principal de police Mandjibou Lèye, par ailleurs directeur des enquêtes à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).
“Le risque de blanchiment reste moyen au plan national, et faible pour le financement du terrorisme et de la prolifération. En revanche, certaines infractions sous-jacentes demeurent préoccupantes dans la région de Ziguinchor, notamment le trafic de drogue et la coupe abusive du bois”, a-t-il notamment relevé.
Il s’exprimait lors d’une mission de sensibilisation effectuée dans le cadre de la campagne nationale de la CENTIF contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération.
Outre le gouverneur de Ziguinchor, Mor Talla Tine, la rencontre a également réuni des acteurs de développement, des chefs de service, des élus territoriaux, des autorités administratives et des membres de la société civile.
Le directeur des enquêtes de la CENTIF a indiqué que, ”malgré un risque national jugé moyen pour le blanchiment de capitaux et faible pour le financement du terrorisme, certaines activités illicites persistent dans la région et nécessitent une vigilance accrue”, en faisant allusion à la coupe abusive de bois et le trafic de drogue.
Mandjibou Lèye a salué “le travail quotidien” des forces de défense et de sécurité, citant notamment le démantèlement régulier de champs de cannabis et les efforts contre l’exploitation forestière illégale.
Évoquant le financement du terrorisme, il a rappelé la distinction entre cette infraction et les actes terroristes, précisant que la CENTIF intervient principalement sur le volet préventif et financier.
La proximité avec la Gambie et la Guinée-Bissau impose, selon lui, un renforcement permanent de la vigilance, “particulièrement en matière de prolifération des armes”.
Ces préoccupations sont intégrées au dispositif régional de sécurité coordonné par le gouverneur et examiné lors des réunions mensuelles sur la sécurité, a-t-il affirmé.
Il a ainsi encouragé les populations à avoir la culture bancaire, non sans déplorer le faix taux de bancarisation dans la zone, malgré l’essor du mobile money.
Evoquant le bilan 2024, il a fait état de 42 737 186 déclarations de transactions en espèces, contre 16 993 410 en 2023, soit une hausse de 151,5 %.
La CENTIF a également reçu 2 172 informations sectorielles (+40 %) et transmis 46 rapports au pôle judiciaire financier, selon son directeur en charge des enquêtes.
Sur le plan international, 10 demandes d’information ont été émises et 12 reçues, tandis que les communications spontanées sont passées de six à une seule, a poursuivi le commissaire Lèye.
Il a également fait part d’une typologie emblématique, relativement à un organisme à but non lucratif dénommé “ALPHA”, suspecté en 2021 de financement du terrorisme après la réception de plus de 1,17 milliards de francs CFA en provenance d’une structure étrangère basée au Qatar.
Ce cas illustre, selon lui, la nécessité de renforcer la vigilance à l’égard des organisations manipulant des flux financiers importants ou disposant de partenaires internationaux.
Source APS


