Transparence de la dette : la Banque mondiale salue l’élan de réforme du Sénégal et appelle à un changement radical à l’échelle mondiale

La Banque mondiale tire la sonnette d’alarme sur l’opacité croissante de la dette publique dans de nombreux pays en développement. Dans son nouveau rapport intitulé Radical Debt Transparency, l’institution appelle à un « changement radical » dans la manière dont les États et leurs créanciers déclarent, publient et gèrent les emprunts contractés.

Cette publication intervient dans un contexte où plusieurs pays, dont le Sénégal, sont confrontés à des défis accrus de soutenabilité de la dette, sur fond de conditions de financement de plus en plus serrées. Le rapport souligne que la transparence, encore insuffisante, fragilise les finances publiques, alors même que des réformes ambitieuses ont été engagées par les nouvelles autorités sénégalaises pour améliorer la gouvernance budgétaire.

La Banque mondiale s’inquiète notamment de la multiplication des mécanismes d’emprunt complexes et hors budget — placements privés, swaps de banques centrales, dettes collatéralisées — qui échappent souvent aux systèmes de déclaration traditionnels. Si des progrès ont été enregistrés depuis 2020 — plus de 75 % des pays à faible revenu publient désormais certaines données — seuls 25 % d’entre eux divulguent les détails des nouveaux prêts.

« Des cas récents de dettes non déclarées ont mis en évidence le cercle vicieux que peut enclencher un manque de transparence », déclare Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale. « Quand la dette cachée refait surface, le financement se tarit, les conditions se resserrent et les pays se tournent alors vers des opérations opaques et collatéralisées. »

Le rapport recommande plusieurs mesures concrètes, notamment l’adoption de réformes juridiques obligeant à la transparence dans les contrats d’emprunt, la participation active des pays créanciers à des processus internationaux de rapprochement des données, des audits réguliers, et la publication systématique des conditions de restructuration de la dette.

« La transparence de la dette n’est pas seulement une exigence technique. C’est un acte stratégique de politique publique qui permet d’instaurer la confiance, de réduire les coûts d’emprunt et d’attirer les investissements », souligne Pablo Saavedra, vice-président de la Banque mondiale en charge du pôle Prospérité.

La Banque mondiale indique que son programme d’assistance technique soutient des réformes spécifiques dans chaque pays. Elle met également en avant son système mondial de notification des débiteurs, principale source de données vérifiables sur la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire, et envisage son extension à la dette intérieure.

Dans ce contexte, les efforts de transparence engagés par les nouvelles autorités sénégalaises s’inscrivent dans une dynamique saluée par les partenaires techniques et financiers. Ils témoignent d’une volonté affirmée de renforcer la crédibilité de la gestion publique, condition essentielle pour consolider la confiance des investisseurs et préserver la stabilité macroéconomique.

Momar Diack SECK
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