Face à la tension persistante dans l’espace universitaire, le khalife général de Bambilor a réuni, lundi soir à sa résidence de Dakar, des étudiants et des responsables du rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) autour d’un dîner de dialogue destiné à apaiser le climat social.
Lors de son intervention, le guide religieux est largement revenu sur le contexte marqué par les grèves qui paralysent plusieurs universités du pays, dont l’UCAD. Il a salué la décision des étudiants de suspendre leurs actions pendant 48 heures, y voyant un signe d’ouverture et de responsabilité. Il a également rappelé les efforts de médiation déjà engagés, tout en exhortant les différents acteurs à poursuivre les discussions.
Soulignant l’importance de cette rencontre qui a rassemblé étudiants, représentants du rectorat, dignitaires religieux musulmans et chrétiens, ainsi que des députés impliqués dans la question des bourses, Thierno Amadou Ba a appelé à « avancer ensemble dans le dialogue » pour préserver les intérêts de l’université et des apprenants.
« Je voudrais féliciter les étudiants pour leur attitude responsable et encourager la condamnation systématique de tout acte de violence. La non-violence protège l’université, l’État et surtout les étudiants », a déclaré le khalife, insistant sur le risque d’infiltrations susceptibles de provoquer des débordements. Il a aussi rappelé que les lenteurs administratives figurent parmi les principales revendications des étudiants, notamment l’impossibilité de tenir les examens de rattrapage.
Évoquant une possible réorganisation du calendrier académique, il a proposé un report des examens jusqu’en 2026 pour valider l’année 2024-2025. « Il serait souhaitable de permettre la tenue des rattrapages, même si les cours restent suspendus. Bloquer ces examens irait à l’encontre des revendications étudiantes », a-t-il souligné.
Reconnaissant les préjudices subis de part et d’autre, le guide religieux a demandé aux étudiants de préserver certaines infrastructures afin d’éviter de pénaliser les populations non concernées par le conflit. Il a également insisté sur la nécessité d’une médiation durable, au-delà de cette rencontre.
« Je vous considère comme mes enfants. Vous avez l’occasion de marquer l’histoire par votre sens de la responsabilité et la préservation du bien commun. Nous allons poursuivre les échanges pour avancer vers des solutions durables », a-t-il conclu.
Tour à tour, les représentants des différentes confréries religieuses ont remercié le khalife pour cette initiative, appelant les autorités à satisfaire les doléances des étudiants.
Au nom du rectorat, le professeur Moustapha Sall a salué une démarche « ingénieuse », estimant que ce type de cadre favorise un dialogue plus ouvert que les réunions classiques.
« L’UCAD traverse une période charnière. Nous devons rattraper ce qui peut l’être et normaliser le calendrier universitaire. La médiation du khalife arrive au bon moment. Comme nous l’avons dit tout à l’heure, à la crispation d’une négociation autour d’une table avec entre autorités et étudiants où chaque partie reste un peu figée dans ses positions.
Ce type de cadre là est idéal pour faire avancer les choses. Et nous, en tant qu’université Cheikh Anta Diop la plus affectée par rapport à cette crise, donc on ne saurait pas faire la fine bouche par rapport à cette initiative. Parce que l’Ucad son essence, c’est l’enseignement, la recherche dans la paix. Et là toute médiation est la bienvenue d’autant plus que c’est exactement ce que l’on veut, que le calme revienne, que les étudiants retrouvent les amphithéâtres et que justement le calme revienne à l’université pour pouvoir rattraper ce qui peut l’être », a-t-il déclaré.
Les représentants des étudiants, pour leur part, ont exprimé leur gratitude et demandé à l’administration de faire preuve de compréhension et de flexibilité. Convaincus que l’intervention du chef de l’État est indispensable pour dénouer la crise, ils ont sollicité son arbitrage. Ils se sont dits prêts à poursuivre le dialogue et à consentir des concessions pour sauver l’année universitaire.
Correspondance particulière
Al Sal


