Le pouvoir, cette chose insaisissable et souvent traîtresse, porte en lui une étrange capacité à diviser même les amis les plus fidèles. On le voit partout et à toutes les époques : lorsque quelqu’un accède à une position de responsabilité, des voix inconnues, des soi-disant experts aux intentions floues, émergent soudainement. Ils arrivent de tous les horizons, offrant conseils, solutions miraculeuses et rumeurs déguisées en vérités absolues. Leur objectif réel ? Isoler l’homme au sommet, le couper de ses proches, de ceux qui l’ont accompagné sincèrement, bien avant que le pouvoir ne devienne tangible.
Face à ces dangers, seule une grande lucidité peut sauver les relations humaines et préserver l’unité essentielle pour mener à bien une lutte juste et durable. Cette lucidité implique de reconnaître que personne n’a le monopole de la vérité, qu’aucune victoire ne s’obtient sans concessions réciproques et sans un profond respect mutuel. Il est fondamental de savoir écouter, de prendre du recul, de refuser l’immédiateté trompeuse des discours séduisants mais creux.
C’est précisément dans ce contexte que Sonko et Diomaye, acteurs majeurs de cette lutte historique au Sénégal, doivent garder à l’esprit une vérité simple mais puissante : ils ne sont qu’au début du chemin. Le combat sera encore long, éprouvant, semé d’embûches et d’illusions tendues par ceux qui voudraient les voir se diviser. Ils doivent absolument résister à la tentation d’écouter les échos malveillants, ces discours qui tentent de semer la méfiance entre des frères d’armes, entre des compagnons dont les destins sont intimement liés par une cause commune.
Le temps est l’allié précieux des hommes patients et sages. Laisser le temps agir, permettre à la vérité d’émerger lentement, calmement, est souvent bien plus efficace que de réagir impulsivement sous l’effet d’une émotion passagère ou d’une manipulation habile. Sonko et Diomaye doivent maintenir cette vigilance permanente, se parler directement, sans intermédiaire douteux, sans filtre, avec le cœur ouvert et l’esprit apaisé. Car leur unité sera toujours leur meilleure arme, leur plus solide rempart contre les tentatives de division.
Le Sénégal observe, attend, espère. Ce peuple fier et résilient compte sur leur clairvoyance, sur leur capacité à demeurer unis malgré les vents contraires. Il attend d’eux qu’ils soient assez forts pour ne pas laisser un intrus semer le doute, assez sages pour comprendre que leur destin dépend aussi de cette capacité rare à savoir rester ensemble, même quand tout autour invite à la division.
Ibrahima Maiga
Burkina Fasso