Six ans après le décès de Ousmane Tanor Dieng : Ce qu’il faut pour reconstruire le Parti Socialiste sénégalais Par Babou Biram Faye

Six ans après la disparition brutale d’Ousmane Tanor Dieng, le Parti Socialiste sénégalais (PS) traverse une phase critique. Non pas un effacement définitif, mais, une phase de flottement, de perte de repères, où l’héritage d’un grand parti est à la fois présent et menacé. Pourtant, tout n’est pas perdu. Mais il faut agir. Lucidement. Courageusement. Collectivement.

Un hommage sincère, un constat lucide

L’actuelle Secrétaire Générale, Madame Aminata Mbengue Ndiaye, est une militante d’exception. Elle incarne l’endurance et la fidélité à l’idéal socialiste. Personne ne peut nier sa contribution inestimable au PS depuis des décennies. Elle mérite respect, gratitude et reconnaissance. Mais elle le sait mieux que quiconque : tout leadership, aussi méritant soit-il, est appelé à préparer sa succession.

Elle n’est pas seule. D’autres figures historiques sont encore là, toujours prêtes à servir. Mais pour continuer à être utiles au Parti, leur rôle devrait désormais s’inscrire dans une posture de sage accompagnement, de transmission, de garant moral, sans accaparement.

L’appel aux jeunes socialistes : un moment de vérité

Il est temps d’adresser un appel solennel à la jeune génération, en particulier à celles et ceux qui ont rejoint le Parti Socialiste après l’an 2000. Vous qui n’avez pas connu Senghor. Vous qui n’avez que peu connu les premières années de Tanor. Vous qui avez grandi dans un univers politique marqué par la fragmentation, le sensationnalisme, le culte du clash et du clientélisme.

Il faut le dire sans ambages : le militantisme socialiste ne se mesure pas au nombre de buzz médiatiques ni à l’intensité du lobbying interne. Trop de tensions. Trop de pressions. Trop de tintamarres sur les réseaux ou dans les couloirs. Cette agitation permanente finit par gripper la machine. Le militantisme socialiste authentique ne cherche ni posture ni compromission. Il se construit intérieurement, discrètement, dignement.

Tanor Dieng, lui, a incarné cette posture. Il a traversé les pires tempêtes politiques entre 2000 et 2019, date de son décès. J’en témoigne. Il aurait pu céder à la facilité, aux appels du pied de tous bords. Il a choisi le sacrifice. Il a mis de côté ses ambitions personnelles pour sauver le PS de ses propres cendres, tel un phœnix. Sa stratégie de long terme a permis de préserver le socle du parti, son patrimoine matériel, mais surtout son patrimoine moral.

Refonder, mais sans renier

Il est temps aujourd’hui de refonder. Mais sans renier. Il ne s’agit pas de faire table rase du passé, mais de comprendre comment conjuguer le passé, le présent et l’avenir dans un monde en mutation.

Ce travail exige un autre type de militant socialiste :

capable de penser stratégiquement, de résister aux tentations populistes, d’incarner des valeurs dans ses comportements, et surtout, de comprendre les enjeux géopolitiques, économiques, culturels et environnementaux actuels du Sénégal, de l’Afrique et du monde.

Ce militant-là ne crie pas plus fort que les autres. Il écoute. Il analyse. Il agit avec méthode. Il sait que le silence est parfois plus fort que les slogans, que la rigueur vaut plus que l’agitation.

Réconcilier les générations : un impératif stratégique.

Il faut une réconciliation et une parfaite intelligence entre générations. Ni mépris du passé, ni confiscation de l’avenir. L’ancienne génération doit faire confiance. La nouvelle doit faire preuve de loyauté, d’humilité, mais aussi d’audace. Le PS ne peut être sauvé que par un pacte intergénérationnel, un contrat de transition lucide et organisé.

Ce pacte doit porter :

✓une conférence de refondation du PS,

✓une clarification idéologique,

✓un plan de formation de cadres,

✓un redéploiement territorial, et une stratégie de reconquête citoyenne, dans les quartiers, les lycées, les universités, les syndicats, les mouvements de femmes et de jeunes.

Renaître ou disparaître

Six ans après Tanor, le Parti Socialiste peut renaître. Ou disparaître. Cela dépend des femmes et des hommes qui y croient. De leur capacité à sortir des calculs mesquins, à dépasser les querelles internes, à retrouver le sens du collectif.

Il est temps de remettre le parti au travail, pas seulement en vue d’élections, mais, au service d’un projet de société clair, cohérent et courageux.

Le Sénégal a besoin d’une gauche forte, crédible, imaginative. Le PS peut encore jouer ce rôle. Mais, pour cela, il faut avoir le courage de se regarder dans le miroir, d’écouter les voix du peuple, et de reprendre le flambeau, non pas pour répéter le passé, mais, pour lui faire honneur en inventant l’avenir.

Pour finir, mon premier et dernier mot: je rends un hommage, le plus solennel possible à feu Ousmane Tanor Dieng, cet homme valeureux, cet énarque d’une probité morale sans commune mesure, ce Républicain, cet homme d’État qui a sacrifié sa vie au bénéfice de la Nation. Victime, peut-être, d’un burnout (le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, est un état de fatigue physique, émotionnelle et mentale intense, causé par un stress chronique lié au travail. Il résulte d’un déséquilibre prolongé entre les exigences professionnelles et les ressources disponibles pour y faire face) qui lui a laissé aucune chance. Aucun répit. Hélas!

Jokka Njal Yal Mbine.

Dors bien.

Nous te serons reconnaissants.

A jamais!!

 BBF

Dieyna SENE
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