Par Paul Ejime- Le président nigérian Ahmed Bola Tinubu, président en exercice de la CEDEAO, a exhorté le groupe islamique impliqué dans les négociations avec la junte nigérienne à retourner à Niamey, soulignant que les options diplomatiques seraient épuisées avant une éventuelle intervention militaire en dernier recours.
« …Le général Abdulsalami Abubakar (un ancien chef d’État militaire nigérian) a institué un programme de transition de neuf mois en 1998, et il s’est avéré très efficace, conduisant le pays vers une nouvelle ère de gouvernance démocratique », a déclaré un porte-parole présidentiel dans un communiqué. Abuja le jeudi 31 août. Le général Abubakar est l’envoyé spécial de la CEDEAO au Niger.
« Le président ne voit aucune raison pour que cela ne puisse pas être reproduit au Niger, si les autorités militaires du Niger sont sincères », ajoute le communiqué.
Le président Tinubu s’est exprimé lors d’une audience avec une délégation du Conseil suprême nigérian des affaires islamiques, dirigée par le sultan de Sokoto, Alhaji Muhammad Sa’ad Abubakar III.
« Je dois vous remercier pour vos plusieurs visites en République du Niger, mais vous devrez quand même y retourner. Ma crainte s’est confirmée au Gabon que des imitateurs recommencent à faire la même chose jusqu’à ce que cela soit arrêté.
« Nous sommes voisins de la République du Niger et ce qui unit les Nigérians à leur grand peuple ne peut être brisé », a déclaré le président de la CEDEAO.
Le Nigeria a déjà condamné le coup d’État au Gabon, qui a renversé le président Ali Bongo Odimba le 26 juillet.
Concernant le Niger, le président Tinubu a réaffirmé que « personne n’est intéressé par une guerre. Nous avons vu la dévastation en Ukraine et au Soudan. Mais si nous ne brandissons pas le gros bâton, nous en subirons tous les conséquences ensemble. »
La junte nigérienne dirigée par le général Abdourahamane Tchiani a proposé une période de transition de 36 mois, ce que la CEDEAO a rejeté.
Mais la CEDEAO n’a proposé aucun calendrier de transition pour le Niger, comme elle l’a fait pour trois autres États membres – le Mali, la Guinée et le Burkina Faso – qui sont également sous régime militaire.
L’Algérie, l’un des voisins du Niger, a suggéré un calendrier de transition de six mois, mais ni la junte ni la CEDEAO n’ont répondu à cette proposition.
La série de sanctions imposées par la CEDEAO au Niger à la suite du coup d’État qui a renversé le président élu et détenu Mohamed Bazoum, notamment la fermeture des frontières, le gel des transactions financières par l’État membre de la CEDEAO et la suspension par le Nigeria de l’approvisionnement vital en électricité, frappent durement la population.
Le président Tinubu a qualifié l’action des soldats d’« inacceptable », avertissant que « plus tôt ils procéderont à des ajustements positifs, plus vite nous lèverons les sanctions pour atténuer les souffrances que nous constatons au Niger ».
Les dirigeants de la CEDEAO avaient activé la force régionale en attente en vue d’un éventuel déploiement au Niger, mais l’intervention militaire devient de plus en plus impopulaire dans la région en raison de la situation complexe du Niger, aggravée par son soi-disant intérêt stratégique pour les puissances étrangères, en particulier l’Amérique et la France.
Les deux pays disposent de bases militaires au Niger et s’efforcent de protéger leurs intérêts militaires et financiers, en particulier l’exploitation minière de l’uranium, très cher au Niger.
Washington semble également indécis quant à savoir s’il convient de qualifier le putsch du Niger de coup d’État ou de tentative de coup d’État, car sa constitution désapprouve les relations avec un régime qui a pris le pouvoir par un coup d’État.
Dans un contexte de tension croissante et de situation instable, les États-Unis ont récemment envoyé leur nouvel ambassadeur au Niger, tandis que la France insiste pour que son ambassadeur expulsé par la junte reste sur place.
La junte affirme désormais que l’envoyé français a été privé de toute immunité diplomatique, mettant ainsi encore plus en péril les relations diplomatiques entre le Niger et la France.
Des manifestations sporadiques anti-françaises ont eu lieu à Niamey et à l’entrée de la base militaire française, les forces armées nigériennes empêchant la foule de pénétrer de force dans la base.
Une intervention militaire dans une situation aussi complexe pourrait avoir des conséquences inattendues et un désastre humanitaire dans la région du Sahel et de la CEDEAO, déjà marquée par l’insécurité liée aux insurrections des djihadistes islamiques et d’autres groupes terroristes et séparatistes.
Un calendrier de transition plus court que les 36 mois annoncés par la junte nigérienne pourrait constituer un compromis pour sortir de l’impasse au Niger et résoudre la crise par la voie diplomatique.