Mame Mactar Guèye et Jamra avaient porté plainte devant le procureur contre les féministes qui ambitionnaient de manifester nues le 31 décembre 2024. Les trois féministes signataires de la demande d’autorisation pour tenir un sit-in “Nue/ »Taatu néén » le 31 décembre dernier, ont été entendues longuement dans la journée de ce mercredi, par la brigade des mœurs de la Sûreté urbaine.
À l’issue de leur audition, elles sont sorties libres des locaux du commissariat central de Dakar, tout en restant à la disposition de la justice, selon une source autorisée de Seneweb.
Une tournure qui n’a pas laissé indifférent, Seydi Gassama, Directeur exécutif de la section d’Amnesty International (AI) Sunugaal qui s’est fendu d’un post sur X pour dire que «la société patriarcale que dénoncent les féministes est celle qui favorise le féminoïde, le viol et les discriminations à l’égard des femmes, bien ancrées dans notre société». Il estime même que «leur travail participe à la promotion du bien-être de la famille sénégalaise» et qu’«un pays ne peut se développer si les droits de plus de la moitié de sa population ne sont pas pleinement reconnus et respectés».
Ce post a suscité la réaction de Mame Mactar Guèye de Jamra. «Contrairement à ce que tu as insinué dans ton post, Seydi Gassama de Amnesty International Sénégal, personne n’a dénié aux féministes le droit de manifester, d’exprimer publiquement leurs préoccupations, d’exercer un droit démocratique consigné depuis belle-lurette dans notre Constitution. Personne ne leur dénie non plus le droit de rendre public leurs plateformes revendicatives», lui a répondu Mame Mactar Guèye
Selon lui, «ce qui a indigné de larges franges de l’opinion publique, c’est plutôt le format revendicatif obscène qu’elles ont adopté. Se situant aux antipodes de nos valeurs socioculturelles de base. Et qu’elles ont qualifié elles-mêmes de « sit-in taatu néen »».
C’est pourquoi il clame que «les Sénégalaises sont aujourd’hui orphelines des valeureuses féministes d’antan, comme feue Maître Mame Bassine Niang (fondatrice de l’ONDH et membre initiatrice de l’AJS), Sokhna Fatou Sow Sarr (IFAN), Adja Safietou Diop (Réseau Siggil jigën)… Ces braves pionnières (et l’énumération n’est pas exhaustive) prônaient un féminisme à l’africaine qui, tout en défendant farouchement les droits les plus élémentaires des femmes, veillaient à ne jamais se départir des vertus ancestrales qui ont toujours constitué la «marque de fabrique» de la Femme Sénégalaise, imbue des valeurs cardinales de ‘téguine’ (courtoisie) et de ‘kérsa’ (pudeur)».
Donnant ses «conseils fraternels à ‘nos’ féministes», Mame Mactar Guèye estime que «la nouvelle génération de féministes a tout intérêt à faire preuve de la plus grande vigilance pour éviter que leur mouvement (déjà infiltré) ne soit dévoyé de ses nobles objectifs, par une petite poignée de ‘féministes extrémistes’, voire ‘jusqu’au-boutistes’.
Lesquelles, dans un mimétisme aveugle et ridicule des sous-cultures occidentales, semblent fascinées par les femmes. Ces féministes occidentales radicales qui, à travers leurs rhétoriques incendiaires prônent quasiment la haine des hommes. Sous prétexte de fustiger le patriarcat !»
Il trouve que les femmes sont «des contre-exemples de l’Hexagone qui ont lancé cette mode obscène d’exprimer publiquement les préoccupations des Femmes. Et qui semblent avoir fait des émules sous nos tropiques ! Si elles n’y prennent garde, les féministes sénégalaises risquent de se mettre à dos de larges segments de la société sénégalaise, dont l’attachement viscéral à ses valeurs ancestrales socioreligieuses ne sont plus à démontrer».
Le responsable de Jamra pense que «’nos’ féministes risquent de voir s’effriter pitoyablement le capital de sympathie dont elles bénéficiaient auprès de l’opinion, si elles ne se rebiffent pas à temps pour se démarquer résolument de tout mimétisme de sous-cultures extérieures en s’inspirant à nouveau des respectables combats des honorables mouvements féministes précurseurs».
S Vox populi