Première partie-
Les débuts d’exploitation des ressources pétrolières et gazières à partir de 2024 sont considérés comme un tournant important dans l’économie sénégalaise. Il est à noter les attentes demesurées des populations, à cause de la communication élogieuse et mirobolante qui est faite autour de la découverte des ressources naturelles (pétrole et gaz) dans le pays. Et les Sénégalais continuent encore de penser qu’il va bientôt pleuvoir des milliards dans le pays.
En faisant parler les chiffres, on pourra retenir que les projections sur les productions de pétrole et de gaz entre 2023 et 2025 sont de 800 milliards de FCFA par an. Si on y intégre les frais d’investissement de la Société africaine de raffinage (SAR) et de la Société des pétroles du Sénégal ( PETROSEN) qui sont de 200 milliards par an, la somme restante sera autour de 600 milliards par an. Il est dit que c’est à partir de 2030 que le Sénégal pourra recouvrir au moins 700 milliards par an et pour une période de 45 ans.
Il est déjà mis en place un système de répartition des revenus qui sont issus de l’exploitation du pétrole et du gaz. Une grande partie de cette somme sera reservée au budget national, une autre au Fonds souverain pour les investissements (FONSIS) et une dernière partie au Fonds pour les générations futures.
Les revenus globaux qui sont attendus sont de 20 000 milliards que le Sénégal gagne sur une période de 30 ans. La somme qui sera accumulée durant cette période et qui fait rêver le peuple sénégalais, fait à peu près trois fois le budget du Sénégal en 2024, qui est estimée à 7000 milliards de FCFA par an. Elle représente moins que les 1000 milliards que les immigrés sénégalais font rentrer dans le pays par an et qui font plus de 30 milliards en trente ans.
Evitons alors de s’enflammer très vite! Certains spécialistes des hydrocarbures ont d’ailleurs relevé que la production du Sénégal en 30 ans, représente ce qu’un pays comme l’Arabie Saoudite produit en quelques jours. La quantité de gaz et de pétrole qui est découverte au Sénégal est certes importante mais la capacité de production ne dépasse pas 100 milles barils par an, là où le Nigéria par exemple est à plus de 2millions de barils de pétrole par an. Et si on considère le ratio par habitant cela donne ceci: » la population du Nigéria fait 225 millions d’habitants, donc plus de 10 fois celle du Sénégal qui est de 18 millions, là où la production pétrolière de ce pays peut faire plus de 20 fois celle du Sénégal.
Disons que comparaison n’est pas raison, et tout dépendra finalement de la gestion et de la répartition de cette richesse, pour que l’on ne tombe pas pas dans les mêmes travers que certains pays pétroliers et gaziers où l’insécurité est criante, l’économie encore mal en point et la pauvreté galopante. Il serait en tout cas très dangeureux de faire croire que le Sénégal sera à l’abris de tous les besoins dès l’entame de la production du pétrole et du gaz qui se trouve dans son sous-sol.
Dans un entretien exclusif avec African Business de Londres, le Président Macky Sall qui s’était prononcé sur l’écosystème du pétrole et du gaz au Sénégal avait pris les devants pour dire: « Nous sommes arrivés à maturité dans les investissements pétroliers et gaziers……. D’abord cela veut simplement dire que l’économie sera plus robuste! Elle va générer davatange de revenus, et naturellement plus d’investissements. » Le Président avait ajouté: « Durant les quatres ou cinq premières années, les ressources pétrolières ne seront pas aussi significatives…..c’est la période où la part qui revient à l’Etat n’est pas très importante…. »
Sur le contrôle au niveau des puits d’exploitation les experts de l’Etat ont dit être assez outillés pour assurer le contrôle des coûts et de la production. » Nous avons exigé qu’au niveau des plateformes où il y a les compteurs que les données nous soient transmises en temps réel dans nos bureaux. Au delà de cet aspect virtuel à distance, on aura toujours les ingénieurs sur place qui veillent à ce que les compteurs ne soient pas falsifiés, truqués ou bidouillés ».
Si on se fie aux propos de l’expert pétrolier Bachir Dramé, le Sénégal pourra faire des épargnes sur la facture de 600 milliards de F CFA, qui servait à l’achat du pétrole et du gaz, pour satisfaire aux besoins du.pays.
Hormis les épargnes qui seront faites sur les factures pétrolières et gazières, le pétrole et le gaz pourront contribuer à la diminution du coût de l’énergie et favoriser la compétivité du pays.
Mais il serait hasardeux de compter uniquement sur les hydrocarbures, pétrole et gaz pour développer le pays. Tous les spécialistes qui évoluent dans le secteur pétrolier reconnaissent que ce choix peut à la longue affaiblir l’économie du pays et la rendre improductive, car elle a besoin de se diversifier davantage, plutôt que de s’enfermer dans la logique du tout-pétrole.
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe.