Chronique De BBF – «Chaque génération doit découvrir sa mission, la remplir ou la trahir», écrivait Frantz Fanon. Aujourd’hui, cette phrase n’est pas une maxime littéraire : c’est une mise en demeure adressée au Sénégal.
Le pays a confié son destin à une jeunesse qui, hier encore, incarnait la contestation. Bassirou Diomaye Faye est Président. Ousmane Sonko est Premier Ministre. Ensemble, ils portent l’immense espoir d’un peuple qui a choisi de tourner une page, mais pas de plonger dans l’inconnu. Car l’heure n’est plus aux incantations, encore moins aux règlements de comptes. L’heure est à l’action, immédiate, claire, assumée.
Le peuple ne peut plus attendre. Pas en 2050, pas dans des promesses lointaines. Mais, en 2029, d’ici la fin du mandat. Les urgences sont brûlantes : chômage massif, panier de la ménagère insoutenable, écoles délabrées, hôpitaux débordés, inondations récurrentes, dette étranglant les marges budgétaires. Face à cette réalité, l’horizon 2050 sonne comme une distraction. Oui, il faut une vision. Mais, sans réponses rapides, la vision deviendra illusion.
La mission de Diomaye et Sonko est double : sauver le présent et préparer l’avenir. Pour y parvenir, il leur faut s’entourer d’hommes et de femmes de valeur, au-delà des cercles militants : historiens, sociologues, économistes, penseurs, bâtisseurs, capables d’éclairer les choix, d’identifier les priorités, d’orienter les plans. Gouverner, c’est choisir, mais bien choisir. L’expertise existe au Sénégal ; encore faut-il la convoquer, l’écouter, et ne pas se laisser enfermer dans une bulle partisane.
Autre impératif : résister à la tentation de la vengeance. Le peuple n’a pas élu des justiciers, mais, de gens qu’il veut responsables, bâtisseurs.
La politique de revanche ne nourrit que la division. Le pays a besoin d’apaisement, de réconciliation nationale, d’ouverture. Gouverner avec le ressentiment, c’est gouverner avec des œillères. Gouverner avec l’apaisement, c’est bâtir l’avenir.
À la fin, il n’y aura aucune échappatoire : Bassirou Diomaye Faye doit enteriner cette idée sublime, c’est lui qui sera jugé. Pas son Premier Ministre, pas son entourage. Le peuple a élu un Président, et c’est son nom que l’Histoire retiendra, pour la gloire ou pour le désaveu.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Le peuple tend encore la main, mais cette main se lasse. Elle ne peut pas rester éternellement dans la résilience. Elle exige des résultats, des décisions courageuses, des actes audacieux.
L’Histoire est implacable. Une génération qui échoue ne trahit pas seulement sa mission : elle hypothèque l’avenir d’un peuple tout entier.
À Diomaye Faye et Ousmane Sonko de choisir : remplir leur mission, ou la trahir.
BBF