Si tu veux connaître quelqu’un, n’écoute pas ce qu’il dit mais considère ce qu’il fait. Le seul vrai bonheur, c’est le bonheur en acte. Le vrai bonheur, pour paraphraser André Comte- Sponville, c’est le bonheur d’agir, si possible avec d’autres. Et donc le bonheur est dans l’action et la relation. Et l’empathie en est le ressort.
Cette grande qualité qui fonde l’humanité se rétrécit à devenir toujours plus rare : savoir se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, à la place de l’autre. Ressentir dans les eaux où il/elle ressent. Cheminer dans ses voies de penser. Soupeser pareillement les arguments. Voir réellement le monde avec un autre regard. Trouver les merveilleuses synthèses du monde enfin à l’endroit.
En effet, tout est là : se mettre à la place de l’autre. Le respect de cette simple règle a des répercussions considérables et facilite la vie en société. Il améliore aussi la vie en entreprise et c’est l’une des conditions majeures du management des autres. Il nous permet de rentrer dans l’altérité d’autrui, de le ressentir et, par là même, il devient un atout fondamental en matière de gestion de la relation…
Certains sont convaincus de savoir mieux pour les autres ce dont ils ont besoin, surtout à l’heure de la banalisation du discours psy, où il est tentant de se croire doté de toutes les clés pour entrer dans leur psychisme.
Cela démontre un désir inconscient de prendre l’ascendant sur eux. L’expression « se mettre à la place des autres » ne s’en cache pas : au sens propre, cela consiste bien à les chasser de leur place, à la leur usurper pour s’y installer. « Si j’étais toi » est une façon de dire «Écoute-moi te parler de toi » et, par extension, « Écoute-moi ». L’autre et sa souffrance sont oubliés, l’attention n’est plus tournée que vers soi… Sans toutefois parler ouvertement de soi.
L’ami/e qui nous connaît ou qui est sensible à notre condition peut, en revanche, tout à fait nous aider en remettant la situation présente dans la perspective de notre histoire, c’est-à-dire en rappelant à notre souvenir des situations comparables dans lesquelles nous avons pu nous trouver, mais, toujours, sans nous juger.
Toujours est-il que blesser quelqu’un est aussi facile que de jeter une pierre dans la mer. Il n’y a pas que les disputes qui épuisent.
Une personne peut te vider de ton énergie par le manque de communication, le manque de confiance, le manque d’empathie, le manque d’excuses, le manque de considération et le manque de respect. Mais avez-vous idée de la profondeur à laquelle la pierre peut s’enfoncer ?
La seule chose que je souhaite aux gens qui font du mal à leurs alter ego par pure jubilation ou besoin irrépressible de les contrôler, c’est de croiser une version d’eux-mêmes chez les autres.
Qu’ils ressentent, ne serait-ce qu’un instant, ce qu’ils ont infligé aux autres.
Pas par vengeance-mais pour qu’ils comprennent enfin…
K.G 22 février 2025