Santé reproductive , Joal face à la crise silencieuse : les coupes internationales plongent les femmes rurales dans une urgence invisible

À Joal, les réductions massives de l’aide internationale dédiée à la santé reproductive provoquent une crise profonde et silencieuse. Selon Solo Quotidien, la contraction drastique du financement du programme WISH fragilise l’accès aux contraceptifs, surcharge les structures locales et met les femmes en première ligne d’une urgence sociale et sanitaire.

La ville de Joal traverse une situation sanitaire alarmante, conséquence directe de la réduction des financements internationaux consacrés à la santé reproductive. D’après Solo Quotidien, le programme Women’s Integrated Sexual Health (WISH) – soutenu par la coopération britannique – a vu son budget passer d’environ 30 millions à seulement 6,7 millions de livres. Une chute de plus des deux tiers qui bouleverse l’organisation des soins dans les zones rurales.

Le programme, jusque-là essentiel dans les régions reculées, assurait la distribution de contraceptifs modernes, la sensibilisation communautaire et un suivi personnalisé pour les femmes et adolescentes. La contraction budgétaire entraîne désormais la réduction des missions mobiles, l’annulation de certaines tournées et une baisse notable de la couverture sanitaire. À Joal, les visites mensuelles deviennent trimestrielles ou disparaissent complètement.

Les structures publiques locales, déjà sous-dotées, peinent à absorber la demande croissante. Plusieurs postes de santé souffrent de pénurie de personnel qualifié et les pharmacies signalent des ruptures répétées de contraceptifs très prisés. Les « bajenu gox », actrices communautaires incontournables, font face à un manque de moyens criant : moins de matériel, moins de formation, moins de mobilité, et des stocks de contraceptifs devenus rares.

Cette situation provoque une série de conséquences sanitaires et sociales : hausse des grossesses non désirées, pressions économiques sur des ménages précaires, interruptions de scolarité chez certaines adolescentes, complications médicales et surcharge des structures de santé. Les sages-femmes rapportent une augmentation des consultations d’urgence.

Au-delà de l’urgence locale, la crise met en lumière une dépendance structurelle du système sanitaire sénégalais vis-à-vis des bailleurs étrangers. Les familles reconnaissent que les services gratuits ou subventionnés constituaient souvent leur seule solution face au coût des soins privés ou aux déplacements vers les hôpitaux.

La situation de Joal s’impose aujourd’hui comme le symbole d’une fragilité nationale. Pour éviter l’enlisement, plusieurs pistes sont avancées : renforcer le financement national de la santé reproductive, épauler les bajenu gox par des moyens logistiques, intensifier les partenariats avec les collectivités, mieux planifier les stocks dans les districts sanitaires et renforcer la sensibilisation auprès des jeunes.

Selon Solo Quotidien, cette crise silencieuse pourrait devenir une opportunité de réforme profonde si le Sénégal choisit d’investir durablement dans l’autonomie sanitaire des populations rurales.

Oumou Khaïry NDIAYE
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