Monsieur Robert Bourgi,
Votre lettre publique au Président de la République et au Premier ministre du Sénégal appelle une réponse ferme mais respectueuse.
Vous vous présentez comme un “homme libre” qui parle “le cœur lourd et l’esprit libre”. Cette liberté que vous revendiquez vous honore, mais elle ne vous exonère pas de la responsabilité qui accompagne toute prise de parole publique, surtout quand elle touche aux plus hautes institutions de notre République.
Vos “peurs pour le Sénégal” méritent d’être entendues, car elles émanent d’un citoyen préoccupé. Cependant, ces craintes ne sauraient justifier des accusations sans fondement ni des amalgames dangereux.
Permettez-nous de rappeler une vérité fondamentale que votre lettre semble omettre : Monsieur le Président Bassirou Diomaye Faye et Monsieur le Premier Ministre Ousmane Sonko sont des fils authentiques du Sénégal. Ils ont grandi sur cette terre, se sont formés dans nos écoles, ont embrassé nos valeurs et se sont engagés pour notre peuple bien avant d’accéder aux responsabilités suprêmes.
Contrairement à certains qui ont navigué entre les capitales étrangères et les palais africains, nos dirigeants actuels n’ont jamais eu d’autre patrie que le Sénégal, d’autre cause que celle de notre souveraineté, d’autre ambition que de servir l’Afrique authentique.
Ils n’ont pas passé des décennies à tisser des réseaux troubles entre Paris et certaines chancelleries africaines. Ils n’ont pas fait carrière dans l’ombre des “réseaux françafricains”. Leur loyauté envers le Sénégal et l’Afrique n’a jamais été questionnée, car elle n’a jamais été partagée.
Vous vous inquiétez d’une “justice instrumentalisée” et mentionnez les cas de Sophie Gladima, Mansour Faye, Lat Diop et Farba Ngom. Permettez-nous de vous rappeler que la justice sénégalaise, dans sa quête d’indépendance retrouvée, agit selon les lois de la République.
Ces personnalités ne sont pas poursuivies pour leurs opinions politiques, mais pour des faits présumés qui relèvent du droit pénal. La justice ne fait pas de distinction de genre, de statut ou d’appartenance politique quand il s’agit de répondre de présumés manquements à la loi.
N’est-il pas paradoxal de critiquer une justice qui travaille enfin en toute indépendance, après des décennies où elle était effectivement instrumentalisée au service de certains intérêts ?
Vos préoccupations économiques sont légitimes, mais vos insinuations sur l’origine des financements frisent la calomnie. Suggérer sans preuve que les emprunts du pays pourraient être “liés à des circuits obscurs, à la drogue, au terrorisme ou au blanchiment d’argent” est irresponsable et dénote une méconnaissance des mécanismes de contrôle financier internationaux.
Le Sénégal diversifie ses partenariats dans l’intérêt exclusif de son peuple, loin des relations de dépendance qui ont trop longtemps caractérisé notre diplomatie économique.
Sur votre dernière remarque
Votre conclusion sur les riches et les pauvres révèle une vision datée de l’économie. Dans le Sénégal d’aujourd’hui, nous croyons aux entrepreneurs nationaux, aux coopératives, à l’économie sociale et solidaire, aux jeunes innovateurs qui créent de la richesse sans avoir besoin de “parrains” extérieurs.
Nous croyons en un développement endogène qui s’appuie sur nos propres forces, nos ressources et notre génie créateur.
Monsieur Bourgi, vos inquiétudes citoyennes sont respectables, mais vos approximations et vos procès d’intention ne le sont pas. Le Sénégal traverse effectivement des défis, comme tout pays en transformation profonde. Mais ces défis sont pris à bras-le-corps par des dirigeants authentiquement sénégalais, libres de toute attache douteuse.
L’Histoire, que vous invoquez, saura distinguer entre ceux qui ont véritablement servi l’Afrique et ceux qui ont servi d’intermédiaires complaisants à des intérêts étrangers.
Le Sénégal que nous construisons est celui de la dignité retrouvée, de la souveraineté assumée et de la justice restaurée. Ce Sénégal-là n’a pas peur. Il avance, fier de ses choix et de ses dirigeants.
Respectueusement, mais fermement.
Au nom de tous ceux qui croient en un Sénégal souverain et digne.
Ibrahima Fall S3J
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