Le député Tahirou Sarr a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant une réforme en profondeur du régime de séjour des étrangers au Sénégal. Le texte introduit notamment une carte de séjour obligatoire, assortie de conditions strictes, tout en prévoyant une exemption pour les ressortissants gambiens.
Le leader du parti Jël liñu moom / Les nationalistes, le député Tahirou Sarr, a officiellement déposé, mardi, à l’Assemblée nationale, une proposition de loi portant réforme du régime de séjour des étrangers au Sénégal. Face à la presse, il a tenu à lever toute ambiguïté sur les motivations et les contours de cette initiative parlementaire.
Selon l’élu, la législation actuelle – datant de 1971 – est devenue obsolète et inadaptée aux réalités démographiques, migratoires et sécuritaires du pays. « Cette loi a été conçue pour un Sénégal de quatre millions d’habitants. Aujourd’hui, nous sommes près de dix-huit millions, avec des flux migratoires rapides et mal maîtrisés », a-t-il souligné, insistant sur la nécessité d’une réforme « pour la souveraineté, l’ordre et la justice ».
Au cœur de la proposition figure l’introduction officielle d’une carte de séjour obligatoire pour toute personne étrangère résidant au Sénégal. Une exception notable est toutefois prévue pour les ressortissants gambiens, dans le cadre d’un futur traité bilatéral. Le texte distingue clairement deux catégories : une carte pour les non-immigrants (séjours courts de 0 à 3 mois) et une carte pour les immigrants souhaitant s’installer durablement ou travailler.
La réforme durcit également les conditions d’accès au séjour. Les étrangers devront produire un casier judiciaire, un passeport valide, des preuves de ressources, un justificatif de domicile et se soumettre à un contrôle administratif strict. Le texte exclut explicitement les personnes liées à la mendicité, au charlatanisme ou à la prostitution. Une caution équivalente à un billet de retour vers le pays d’origine serait également exigée.
Autre innovation majeure : la tarification annuelle de la carte de séjour, fixée entre 300 000 et 500 000 FCFA selon le principe de réciprocité entre États. Le permis de travail devient par ailleurs distinct et obligatoire, sous le contrôle de l’Inspection du travail, tandis que certains secteurs d’activité pourront être réservés aux nationaux.
La proposition prévoit enfin la création d’un fichier national biométrique des étrangers, ainsi qu’un mécanisme renforcé de sanctions, allant de l’amende à l’expulsion. Pour Tahirou Sarr, il ne s’agit pas d’un texte hostile aux étrangers, mais d’une loi de régulation, visant à mieux maîtriser l’immigration et à protéger l’économie nationale


