La récente mise en demeure adressée à la Télévision Futurs Médias (TFM) par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) continue de susciter une vague de critiques. Deux voix se sont particulièrement élevées ces dernières heures pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une dérive de l’autorité de régulation : celles de l’avocat Me Diaraf Sow et de l’ancienne ministre Zahra Iyane Thiam. Avec Vox populi
Dans un long réquisitoire, Me Diaraf Sow s’en est vertement pris au communiqué du CNRA. Le juriste estime que le grief retenu contre l’émission « Jakarlo » — à savoir l’attitude jugée « discourtoise » de l’un des chroniqueurs envers un invité, en l’occurrence le député Amadou Ba — ne repose sur aucun fondement factuel. « Existe-t-il une seule phrase où Badara Gadiaga s’est attaqué à Amadou Ba ? », s’interroge-t-il, avant d’ajouter : « Amadou Ba lui-même s’est-il plaint d’une quelconque atteinte à son honneur ? ».
Pour Me Sow, ce qui s’est passé est tout simplement une réponse légitime du chroniqueur à des propos discourtois de l’invité lui-même. Il accuse le CNRA de partialité : « Le CNRA a mis les propos du député dans les tiroirs de l’injustice, comme s’ils n’avaient jamais existé ». Il dénonce une lecture orientée des faits, qui blanchirait un camp tout en noircissant l’autre. « Voilà ce qu’on appelle diengue en wolof, Lakh Dôme, Doore Dôme », lance-t-il avec amertume.
L’avocat va plus loin, soulignant l’indulgence supposée du CNRA envers d’autres médias où, selon lui, « des femmes qui se disent journalistes se comportent comme des militantes de PASTEF en insultant violemment des leaders de l’opposition ». Il s’interroge également sur le silence de l’organe de régulation face aux injures proférées par le député Cheikh Bara Ndiaye à l’endroit du défunt Bathie Gadiaga, père du chroniqueur mis en cause. « Le CNRA doit être juste pour être respecté », conclut-il, fustigeant une décision « ridicule » et teintée de subjectivité.
Zahra Iyane Thiam, ancienne ministre et responsable politique, partage cette critique et y ajoute une mise en garde sur les risques pour la démocratie. Pour elle, « cibler des chroniqueurs, c’est museler l’opinion ; menacer de couper l’antenne des médias, c’est tuer le débat ».
Elle reproche au CNRA de n’avoir pas fourni de faits précis ni de base juridique solide pour justifier sa décision. « Une autorité administrative est, par essence, indépendante et doit justifier ses décisions sur des bases claires », rappelle-t-elle, avant de conclure non sans ironie : « Rupture disait-on ? Elle est bien là, la rupture. La question est de savoir : en bien ou en pire ? »
Ces réactions, parmi d’autres, traduisent une inquiétude croissante sur l’impartialité des institutions de régulation et leur capacité à résister aux pressions politiques, dans un contexte où le débat public s’intensifie.