Le changement, c’est de ne plus revêtir la république de l’habit du politique partisan. L’empreinte élitiste de la société politique historiquement construite depuis le parti unique renforce son caractère partisan et excluant autour de l’exercice du pouvoir.
La crise des valeurs qui en découle a éclaté entre les mains du libéral wadiste (2000-2012) qui constate à son arrivée que la capitale Dakar n’est pas devenue comme Paris contrairement à la vision socialiste senghorienne (1960-1981) des années 1970. Les héritiers notamment le « dioufisme » (1981-2000) et le « sallisme » (2012-2024) ont buté sur un échec dès la première étape de l’algorithme de la souveraineté qui est l’autosuffisance et aussi sur une économie stationnaire, peu innovante viciée par l’endettement et ponctuée par une urbanisation difficile.
Cette inefficacité engage les responsabilités des politiques agricoles, budgétaires et monétaires. La forte tertiairisation de l’économie naturellement survenue d’une faible industrialisation nationale et le parti politique sont les véhicules de la crise des valeurs, conséquence déduite des différents résultats de gouvernance précités.
C’est un impératif pour les pays africains d’expérimenter le régime civil après avoir interrogé les trois modèles en la matière jusqu’ici connus dans l’histoire des sociétés et qui sont le régime politique dirigé par le parti politique ou une coalition de partis politiques, le régime civil dirigé par des citoyens non issus de parti politique et enfin le régime militaire dirigé par les armées.
L’Etat est si important que nous ne devons pas le laisser au seul jeu des partis politiques. Chacun a le droit de s’indigner contre le jeu politique mais indignez-vous par rationalité contre son instrument le parti politique.
Les voies de réalisation de la première alternance politique par la société civile sont possibles d’accès au regard du capital-ressource détenu en priorité par le Sénégal et qui demeurent les ressources humaines.
L’agenda d’une gouvernance civile (Pascal Oudiane, 2023) met en priorité l’OSC (Organisation de la Société Civile) spécialement l’associatif du développement porté par les forces endogènes. Le Sénégal doit se déployer sur une quintuple stratégie de gouvernance ayant chacune une fonction systémique : la gouvernance par objectif, la gouvernance de la sécurité des ressources, la gouvernance de la performance, la gouvernance de l’innovation, et enfin la gouvernance « glolocale » durable du capitalisme qui doit être universellement adapté et tropicalisé. La gouvernance doit être offensive pour l’investissement et reposer sur les trois déterminants que sont le ménage, l’entreprise et l’administration publique.
La réussite d’une mandature civile doit inscrire au cœur de son dispositif les armées pour une maitrise du cadre organisationnel, l’éducation, l’enseignement et la formation, l’industrialisation durable qui articule les secteurs primaire et tertiaire puis enfin le management des flux ou mobilité des ressources, soutenu par une excellente politique des énergies.
La marche post moderne et universelle des peuples continue son cours et la société civile y apparait comme le porte étendard de la civilisation de demain. Le Sénégal est un pays d’ouverture qui n’est jamais resté isolé de la pensée universelle. Il dispose du réceptacle socio-culturel pour intégrer ces nouveautés notamment la densification et la responsabilisation du tissu civil en réaction contre la pauvreté et la mal gouvernance. Encore une fois, la société civile est le porte étendard des stratégies nationales à venir.
Vive la prochaine alternance civile au Sénégal et la première du nom.
Pascal Oudiane
Sociologue.