Les « 72 heures du Pastef » étaient, à l’origine, une stratégie de communication numérique redoutable lorsqu’ils étaient dans l’opposition. Le principe était simple : mobiliser militants et sympathisants sur les réseaux sociaux pendant trois jours pour détruire une fausse information ou valider une vérité, et ainsi contrer le narratif de l’ancien régime de Macky Sall. C’était une arme politique efficace face à un pouvoir accusé de manipuler l’opinion publique.
Un contexte complètement différent aujourd’hui
Désormais, Pastef est au pouvoir. Et c’est là que le problème surgit : utiliser les mêmes méthodes qu’en opposition crée un effet boomerang. Chaque fois que ces campagnes de « 72 heures » sont lancées sur les réseaux sociaux, elles semblent désormais se retourner contre le parti.
Les exemples sont parlants :
- Les 72 heures autour de TFM : la campagne a suscité plus de critiques que d’adhésion.
- Le cas Pape Ngagne N’Diaye : loin de déstabiliser le journaliste, la mobilisation a renforcé l’image d’un parti qui cherche à faire taire des journalistes.
Un outil mal perçu par l’opinion publique
Ce qui était vu comme une stratégie légitime de l’opposition est aujourd’hui interprété comme un mécanisme de verrouillage de l’information. L’opinion publique, plus exigeante avec un parti au pouvoir, peut y voir :
- Une volonté de contrôler les réseaux sociaux plutôt qu’un esprit de transparence.
- Une confusion entre l’État et le parti, rappelant des pratiques reprochées aux anciens régimes.
Changer de paradigme
Les Sénégalais n’attendent plus de Pastef qu’il se défende, mais qu’il gouverne. Continuer à mener des campagnes de « 72 heures » sur les réseaux sociaux, dans un climat de fortes attentes sociales et économiques, donne l’image d’un parti en campagne permanente plutôt que d’un État au service de tous.
Conclusion
Le succès des « 72 heures » reposait sur leur efficacité face à un adversaire politique puissant. Mais aujourd’hui, cette stratégie se retourne contre Pastef et fragilise son capital de confiance. Pour ne pas reproduire les erreurs des régimes précédents, le pastef doit repenser sa communication : moins de défense partisane, plus d’écoute et de résultats concrets.
Dr Seydou Bocoum