Note D’analyse Politique : Le Sens D’une Mobilisation Politique Exceptionnelle…Par Dr Abdou Diouf

Le Tera Meeting Une Nouvelle Victoire Politique .

 

 

Chaque époque connait son phénomène culturel, économique, religieux, social et politique. Ousmane Sonko est dans son époque et tient haut le haut du pavet. L’homme politique est avec ce tera meeting au PIC de sa popularité et de sa légitimité populaire.

 

  1. Contexte général

Le Sénégal traverse une phase politique singulière, marquée par une mobilisation populaire d’une intensité exceptionnelle.

Cette mobilisation intervient dans un contexte de recomposition du pouvoir exécutif, où le Président de la République, élu grâce à la popularité et au capital politique de Ousmane Sonko, concentre progressivement les pouvoirs.

Autour de lui, s’est formé un groupe de partisans se réclamant de la stabilité, de la paix et de l’unité nationale, dans une période où la situation économique reste fragile, marquée par une dette publique préoccupante et des zones d’ombre autour de la transparence financière.

En parallèle, le Premier Ministre, conscient de la faiblesse institutionnelle de sa fonction au regard de la Constitution, conserve néanmoins une légitimité populaire solide, issue de son parcours, de son discours et de son ancrage social.

 

C’est dans cette dualité entre pouvoir institutionnel et légitimité populaire, que prend sens la mobilisation ( patriotes ,  sympathisants, spectateurs) observée à travers le pays.

 

  1. Les dynamiques politiques en jeu.

 

  1. La concentration du pouvoir présidentiel

L’une des lectures dominantes de la mobilisation actuelle réside dans le refus de la centralisation du pouvoir exécutif. Le Président, porté au pouvoir par une large coalition citoyenne, semble aujourd’hui s’appuyer sur un cercle restreint préoccupé par la préservation de l’ordre et de la stabilité, au détriment de l’esprit de partage et de rupture initialement promis.

Cette tendance à la concentration du pouvoir crée un décalage entre la légitimité électorale d’origine et l’exercice réel du pouvoir, nourrissant un sentiment de déconnexion entre la base populaire et les élites politiques.

 

  1. La légitimité populaire du Premier Ministre

Le Premier Ministre, bien qu’institutionnellement affaibli, conserve la force du lien direct avec le peuple. Il demeure l’incarnation du discours originel de justice, de transparence et de redressement moral.

La mobilisation actuelle traduit donc, dans une large mesure, un attachement à cette légitimité populaire, considérée comme le socle moral du changement.

Elle rappelle que le pouvoir exécutif ne se mesure pas uniquement à la Constitution, mais aussi à la confiance que le peuple accorde à ses dirigeants.

 

  1. Les tensions entre paix proclamée et justice attendue

Le discours dominant autour du Président et de son entourage met en avant la paix, la stabilité et l’unité nationale. Mais une paix perçue comme un instrument de neutralisation du débat démocratique devient vite un facteur de frustration.

Dans un contexte économique marqué par une dette cachée non clarifiée, une inflation croissante et des attentes sociales pressantes, la population exprime un besoin de vérité, d’équité et de redevabilité.

La mobilisation prend alors la forme d’une demande de clarification : quelle direction prend réellement le projet politique pour lequel le peuple a voté ?.

 

  1. Le sens profond de la mobilisation

Cette mobilisation n’est ni un mouvement de contestation classique, ni un soutien inconditionnel : elle représente une forme d’interpellation collective, un acte de vigilance démocratique et un appel au retour aux fondamentaux du changement.

Elle exprime  à la fois une exigence de cohérence entre la promesse et la pratique du pouvoir. Elle traduit une volonté de rétablir l’équilibre institutionnel entre la Présidence et la Primature . C’est un rappel que la légitimité populaire ne s’achète ni ne se délègue . Cette mobilisation est un signal fort envoyé aux dirigeants : le peuple ne veut plus d’un pouvoir captif, mais d’un pouvoir collectif et responsable.

 

  1. Enjeux et perspectives

Cette mobilisation, si elle est comprise et canalisée positivement, peut devenir le point de départ d’une refondation démocratique :

– refondation du contrat politique entre gouvernants et gouvernés ;

– réhabilitation du rôle du Premier Ministre comme garant du projet politique initial ;

-recentrage du pouvoir autour des valeurs fondatrices du mouvement : rupture, justice, transparence, patriotisme économique et inclusion.

 

L’appel à l’ouverture du grand parti qu’est le PASTEF s’inscrit pleinement dans cette dynamique de refondation. Il traduit une prise de conscience du leadership, qui reconnaît qu’en politique, aucun parti, aussi puissant soit-il, ne peut se suffire à lui-même.

 

L’ouverture devient une nécessité stratégique : elle permet l’apport de sang neuf, l’intégration de compétences nouvelles et l’adhésion de partisans partageant le même idéal politique.

 

On se bat avec ses partisans, mais on gouverne avec les compétences, celles qui incarnent l’éthique, la rigueur et la morale indispensables pour honorer les engagements pris envers le peuple.

 

5.Les signes d’un malaise institutionnel et moral.

Les présomptions d’innocence mises à l’épreuve par les zones d’ombre constatées dans la gestion de deux ministres de l’actuel gouvernement constituent le symbole manifeste du malaise qui traverse l’exécutif.

Elles traduisent une crise de confiance interne, où la responsabilité politique se dilue dans les calculs de préservation du pouvoir.

Le Premier Ministre, bien qu’ayant proposé et dirigeant son gouvernement, refuse de porter la responsabilité pleine et entière d’une équipe qu’il ne contrôle pas totalement. Il gouverne sans avoir les coudées franches, exposé entre le devoir de loyauté institutionnelle et le poids de la légitimité populaire qu’il incarne encore.

 

Dans ce contexte, l’éligibilité constitutionnelle se trouve à l’épreuve de la légitimité morale et politique : le peuple observe, juge et attend que ceux qui gouvernent honorent leurs promesses de rupture et d’exemplarité.

 

Enfin, il convient de rappeler que toute décision de justice rendue au nom du peuple ne saurait empêcher le peuple lui-même de se prononcer sur ces décisions, surtout lorsqu’elles semblent entachées de faits politiques.

Ce principe traduit la souveraineté citoyenne : le peuple reste la source ultime de la légitimité, même face aux institutions judiciaires.

 

La mobilisation politique exceptionnelle observée au Sénégal est bien plus qu’un fait conjoncturel : elle est le baromètre moral et démocratique d’une société en quête de cohérence et de vérité politique.

 

Elle rappelle que  le pouvoir sans partage affaiblit la démocratie, tandis que la légitimité populaire, lorsqu’elle s’exprime pacifiquement, restaure la foi dans la République.

 

Le défi du moment réside dans la capacité du duo exécutif et du parti à transformer cette mobilisation en opportunité politique, en renouant avec les promesses fondatrices du changement et en ouvrant une nouvelle ère de gouvernance fondée sur la compétence, la transparence, la justice et la loyauté envers le peuple.

 

Dr Abdou Diouf

Président du Parti

Acteurs du Progrès et de la Citoyenneté

Dieyna SENE
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