Nos doléances à un nouveau Maire pour un Dakar en devenir … Khady Gadiaga

L’avènement d’un nouveau maire pour la Capitale m’amène à parler du Dakar que j’aime et du Dakar qui me fait rêver.

Je ne peux m’empêcher de passer au scanner Dakar et ses lieux qui nous ont vu naître ou grandir et les personnages mythiques qui en ont façonné l’âme. Cette ville poreuse à nos émotions, de la même manière que nous sommes poreux à son charme énigmatique.

Ce Dakar que j’aime qui se manifeste par sa vie vibrante et ses contrastes, où la modernité se mêle à la tradition, ses marchés animés, sa vie nocturne exubérante, ses belles plages, mais aussi sa réalité économique plus complexe.

La ville séduit par son hospitalité légendaire, son atmosphère unique et son caractère festif, concentré de culture et ouvert au monde.

L’âme d’une ville est toujours un reflet de la nôtre; elle véhicule nos obsessions et nos névroses donc, c’est une âme qui se renouvelle à chaque génération et même à chaque fois que le vent tourne…

Gaston Berger disait que le présent n’est intelligible qu’en fonction de l’avenir, qui, paradoxalement, le prédétermine.

À notre nouveau maire, Abass Fall, je demande solennellement: Que sera Dakar en 2050?

L’urbanisation, fait mondial, tient à des facteurs difficilement réversibles. Mais si la ville est souvent un élément moteur de développement régional ou national, si la plupart des grands courants d’idées viennent de la ville, celle-ci compte aussi des effets néfastes, voire redoutables.

Le moment est donc venu de prendre conscience des problèmes de la Cité moderne et encore plus de la Cité future. Les remèdes à l’explosion urbaine ne peuvent tenir du hasard ou de la simple reconduction de solutions anciennes.

La conception même de la ville se modifie très rapidement et il est important qu’une métropole comme Dakar s’interroge sur son avenir si elle veut rester fidèle à son destin, à la fois national, continental et mondial.

Comme tous les grands centres urbains africains, Dakar fait face à une urbanisation rapide et mal maîtrisée, entraînant des problèmes d’insalubrité, de pollution de l’air et de l’eau et d’assainissement, de l’accumulation des déchets et des nuisances sonores, en partie à cause de l’étalement urbain et de la congestion du trafic.

Dakar subit aussi la forte croissance des quartiers bidonvilles, des inégalités sociales et économiques, l’insécurité galopante, des défis de mobilité et de transport, et une exposition accrue aux risques climatiques comme les inondations. Les risques climatiques sont de plus en plus palpables avec la montée des niveaux de la mer, les tempêtes et l’érosion côtière qui affectent le domaine maritime.

Voilà donc le phénomène urbain dakarois s’inscrivant dans une perspective fortement dynamique ! Les problèmes qu’il soulève sont innombrables. Quelques-uns d’entre eux

nous sont déjà apparus : problèmes liés au déséquilibre entre l’offre d’emploi qui a été à la base de l’afflux de population et l’offre de main-d’œuvre ; problèmes de la désertion croissante des campagnes et de la tendance à l’hypertrophie de Dakar ; problèmes de la responsabilité et de l’action des pouvoirs publics dans une telle évolution, et face aux situations difficiles qui s’annoncent, etc.

Mais en plus des problèmes relatifs à ces aspects en quelque sorte extérieurs, mille autres se posent, portant sur la vie interne de la ville.

Qu’est-ce donc qu’apparaître publiquement comme un bon maire ? Un maire de grande ville est un personnage hors norme : il prépare l’avenir, bâtit des logements, attire les activités économiques, crée des emplois. Soucieux des besoins de chaque habitant, jeune ou âgé, actif ou retraité, dans tout quartier, il fait construire des crèches, des écoles, des cantines, des centres sportifs et socioculturels, et des services de transports en commun.

Par l’accueil de prestigieux colloques ou le subventionnement d’animations saisonnières, il contribue à la prospérité des commerçants, des hôteliers et des restaurateurs.

Homme de terrain, il inaugure les équipements, prononce des discours, rencontre des personnalités, fréquente les habitants. Mais aussi, connaisseur des dossiers, il commande des études, consulte ses techniciens, écoute, arbitre et décide.

C’est déjà un exploit d’être choisi par vos collègues conseillers, n’étant pas pas d’emblée le leader incontesté de la majorité mais imposant l’unité municipale et monopolisant l’ensemble des ressources d’enrôlement électoral. La révélation des dissensions, des rivalités des adjoints cherchant à capter les bénéfices électoraux de l’entreprise politique collective, risque toujours d’affaiblir votre position et de rompre la façade du maire actif et compétent que vous nous promettez d’être. Toutefois, l’institution municipale vous permet d’occuper une position arbitrale et de mettre en œuvre des stratégies organisationnelles destinées à neutraliser d’éventuelles velléités d’expressions divergentes de la ligne de décision en disciplinant les activités politiques des élus, en organisant une concurrence feutrée entre eux et en empêchant des alliances entre segments de l’administration, « experts » et élus.

Alors Monsieur le Maire, méritez la Ville qui vous tend ses bras, qui attend votre action salubre et salvateur. Soyez le maire qui reverdit notre ville et qui enchante nos lieux de vie. Soyez le maire qui sait « où il va », dont la vision de l’aménagement est tournée vers la valorisation du cadre de vie, le bien-être et la qualité de vie.

Faites de Dakar, la capitale d’un Sénégal entré dans la société industrielle et apportant sa contribution à la Civilisation de l’Universel, une mégalopolis africaine, recevant, des profondeurs continentales, des biens

matériels et spirituels, les transformant et échangeant avec les autres biens et services des autres grands centres du monde, répandant ses savoir-faire, son savoir-vivre, sa sagesse à l’échelle de la planète.

C’est de cette capitale, lumineuse, fière, altière, grouillante de vie et d’échanges dont nous rêvons.

Car c’est bien ce Dakar planétaire qui s’avance au-devant de nous. C’est bien lui qui montre, rétrospectivement, le destin dont les communautés lébou du Cap-Vert étaient grosses et qui indique le sens profond, lentement révélé, de l’affrontement des hommes de la terre et des hommes de la mer,

de ceux d’Afrique et de ceux du monde dans un dialogue, mieux : « un chant polyphonique », dirait le Président-poète, Léopold Sédar Senghor.

Pour irrésistible que soit le devenir de Dakar, il devra, il doit déjà être prévu, contrôlé, pensé, concerté. Ce à quoi ce vos mandats contribueront.

Pour que Dakar se nourrisse, se loge, se soigne et se guérisse, se bâtisse et s’embellisse, d’un mot s’humanise, il n’est pas trop des ressources de l’intelligence et de l’intuition, de la mémoire et de l’imagination, du sentiment et de l’émotion. Et il n’est pas trop de la mobilisation immédiate de ces ressources coordonnées.

Le devenir de Dakar, c’est l’affaire du Sénégal, de l’Afrique et du monde : Dakar sera une manière, pour l’Homme, de le faire et de se faire.

Et le Président Poète, visionnaire qu’il était de conclure : « Dakar? Affaire de conscience économique et de démographie, affaire de science médicale et affaire de sociologie, de psychologie et de politique. Affaire surtout de poésie, d’art et de culture parce que de pensée.

De Dakar, du socle basaltique du Cap-Vert, l’Africain nouveau s’élancera vers la civilisation pan-humaine ».

K.G 27 Août 2025

 

@à la une Ousmane SONKO Présidence de la République du Sénégal Abass Fall

 

Dieyna SENE
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