Moustapha Sarré, porte-parole du gouvernement à Macky Sall : «Quelqu’un qui a laissé un bilan macabre avec 80 morts devrait avoir honte de commenter la situation du pays »

Les propos tenus hier par Macky Sall, pour porter la réplique contre Ousmane Sonko, le porte-parole du gouvernement Moustapha Sarré s’en est offusqué. Pour lui, beaucoup de choses font qu’il aurait du s’abstenir de commenter la situation au Sénégal.

«J’ai entendu le président Macky Sall dire que tous les indicateurs étaient au vert. Lui-même est conscient qu’au moment où il tenait ces propos qu’il ne disait pas la vérité. Tous les indicateurs, aussi bien financiers que politiques étaient au rouge et les indicateurs politiques, rouges de sang. Il a laissé un pays complètement en ruine, non seulement sur le plan financier, les indicateurs étaient rouge, mais sur le plan politique, c’était rouge de sang». Surtout que selon lui, «le bilan des victimes dressé fait état de plus de 80 jeunes assassinés».

«Si Macky Sall revenait, au pays, on allait assurer sa sécurité, il est un citoyen et ancien président de la  République»

Dès lors, soutient-il, «quelqu’un qui a laissé un tel bilan macabre devrait avoir honte de commenter la situation du pays. Il doit prendre conscience qu’il a enfoncé le pays dans le sous-développement et qu’il a fait ce qu’aucun président de la République n’a jamais pu faire, comme erreur», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Rfm.

Face au débat qui s’est installé sur le sort qui pourrait attendre le prédécesseur, Macky Sall, il a tenu des propos rassurant. «Macky Sall est un citoyen. S’il revenait, au pays, on allait assurer sa sécurité parce qu’il est un citoyen et ancien président de la République. Concernant la question des interpellations, que ce soit sûr que nous avons un Etat de droit. C’est la justice qui va en décider. Mais, s’il revenait au pays et que la justice décidait de son interpellation, alors, ni le Premier ministre, ni le chef de l’Etat, n’y pourront rien. Parce la justice est un pouvoir indépendant vis-à-vis de l’exécutive. Donc s’il revenait, personne n’allait l’attaquer».

La situation économique peinte comme difficile, il rassure. A la question de savoir, ‘’est ce qu’on doit s’attendre à resserrer les ceintures, en attendant le budget 2025, et après les prévisions alarmantes faites, il explique que «resserrer les ceintures est peut être un terme trop fort. Mais, ce qui est certain est que nous avons hérité de sérieux soucis».

S’expliquant sur le nouveau référentiel Sénégal des politiques publiques Vision Sénégal 2050, et surtout sur le financement du PAP de la Stratégie nationale de développement 2025-2029, estimé à un peu plus de besoin a été estimé à 18 000 milliards, M. Sarré indique qu’«il y a rien de curieux.

« Ce document est provisoire parce que nous l’avons présenté aux Sénégalais pour recueillir leurs avis sur le projet. Il faut remarquer que le jour de la présentation, il y a eu des panels pour ouvrir les discussions et recueillir leur avis. On a donc choisi de rendre provisoire le document du projet Pastef, pour prendre en compte les inputs pertinents relativement aux avis recueillis. Cela est une démarche intelligente à mon avis. Parce qu’imposer à sa population un avis qu’elle n’épouse pas, cela est une chose qui doit être évitée. Nous avons choisi une gestion inclusive de la chose publique, donc leur inputs, il nous faut la prendre en compte», a-t-il dit.

«Le consultant n’a pas élaboré le projet, ce n’est pas le cabinet de Victor Ndiaye qui l’a conçu»

Concernant ce nouveau référentiel, Moustapha Sarré a balayé d’un revers de la main, les propos tenus par des membres de l’ancien régime qui disent avoir relevé de nombreuses ressemblances entre la Stratégie nationale de développement et la vision PSE 2035.

«Le consultant n’a pas élaboré le projet. Nous avons invité le consultant Victor Ndiaye à venir participer et il fallait une bonne présentation du projet dans la forme et dans le fond, c’est vrai, et c’est pour cela même que nous avions besoin de lui. Cependant, cela fait 10 ans qu’on a entamé son élaboration. C’est nous-mêmes qui l’avons élaboré. Seulement, il fallait qu’on lui donne l’attribution de l’Etat, parce que c’était un projet d’un parti politique. Une fois aux responsabilités, on avait l’obligation de faire le point sur la situation héritée, faire quelques ajustements, en faire une affaire de l’Etat et ensuite le présenter aux jeunes. Au regard de tout cela, on doit comprendre que ce n’est pas le cabinet de Victor Ndiaye qui l’a conçu. Nous n’avons pas été jusqu’à l’extérieur pour solliciter l’aide des non Sénégalais pour l’élaboration d’une stratégie de développement».

La première chose qui les différencie se situe au niveau de notre point de vue sur comment amener une croissance économique, a poursuivi le porte-parole du gouvernement. «Vous savez, eux ils croient que la croissance doit être tirée par des dépenses publiques. Notre économie non seulement elle est ouverte, mais c’est une économie extravertie. Cette croissance créée durant les deux mandats de Macky Sall a profité, en grande partie à l’extérieur».

«Il faut bien que Bougane apprenne à être original»

«Concernant les dépenses publiques, non seulement les investissements ont été injectés sur des infrastructures qui ne sont pas productives mais en plus, ceux qui ont gagné ces marché d’exécution sont des entreprises étrangères. Donc cette croissance, les Sénégalais ne peuvent pas la ressentir. Même si c’était des croissances à deux chiffres, aucun Sénégalais, à part ceux qui octroient ces marchés ne peut ressentir les retombées de cette croissance. Nous voulons une croissance inclusive, faire en sorte qu’il y ait une articulation des différents secteurs de l’économie. Mais, faire en sorte que la plus grande partie des ressources générées au Sénégal retourne entre les mains des populations Sénégalaises».

Parlant du secteur privé, il a confié qu’une place lui est réservée : «Nous comptons mieux améliorer l’environnement, de sorte que le secteur privé sénégalais puisse tirer son épingle du jeu dans l’économie nationale».

Invité à apporter des éclairages sur les interpellations de Bou­gane Gueye Dany qui soutient que la masse salariale a connu une hausse de 2 milliards depuis l’avènement du président Dio­maye a aujourd’hui, le porte-parole du gouvernement lui a juste jeté des pierres. «Bougane, à vrai dire, doit aller chercher une façon à lui de s’opposer. Ce qu’il essaye aujourd’hui est juste de faire la même chose que Ous­mane Sonko, avant notre arrivée au pouvoir. Et il le fait très mal. Il faut bien qu’il apprenne à être original».

«Mais n’oublions pas que Macky Sall avait plus de 300 chargés de mission»

Le choix fait sur plusieurs dizaines de collaborateurs du président de la République, des voix ont commencé à se faire entendre. «On parle de la quarantaine de chargés de mission recrutée, l’autre jour par le président Bassirou Diomaye Faye. Mais n’oublions pas que son prédécesseur (Macky Sall) avait plus de 300 chargés de mission. Les locaux de la présidence étaient à l’image d’un marché». De son côté, le président Dio­maye quand il engage 47 personnes dans son équipe, c’est, selon lui, pour en faire «des tampons entre lui et les populations. Et puis, dans le gouvernement de Macky Sall, chaque ministère avait une cinquantaine de chargés de mission à sa disposition», renseigne-t-il.

S Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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