Le Sénégal découvre une baisse du prix du carburant : 920 F pour le super, 680 F pour le gasoil. Une bonne nouvelle, en apparence. Mais la vraie question n’est pas combien on baisse, c’est comment cette baisse a été obtenue.
Car pendant que l’on nous annonce des tarifs allégés, la loi de finances 2026 prévoit la réduction la plus brutale jamais appliquée sur les subventions à l’énergie : entre 30 et 40 %. Moins de subventions, dans n’importe quel pays, signifie une chose simple : les factures montent. Alors comment concilier une hausse inévitable… avec une baisse soudaine ?
Le Sénégal a-t-il renoncé à une partie de ses taxes pour annoncer un geste politiquement rentable ?
Difficile à croire lorsque, dans le même temps, d’autres taxes se multiplient et renchérissent la vie quotidienne.
La vérité, c’est que notre carburant est cher pour une raison connue : la fiscalité. Le même carburant arrive au Mali en transitant par le Sénégal… et il y coûte moins cher. En Côte d’Ivoire, il est fixé à 820 F le litre ; au Niger, à 499 F. Nous payons le prix d’un choix administratif, pas d’un coût réel.
Ajoutons un élément de contexte : le baril est en chute libre. Le Brent oscille désormais entre 60 et 65 dollars, et toutes les projections annoncent une stabilisation à bas niveau. Ce que l’on présente comme un “acquis de gouvernance” est donc d’abord un effet mécanique du marché mondial, pas le résultat d’une réforme énergétique.
La baisse est réelle. Mais la vie, elle, ne baisse pas. Le carburant coûte moins cher aujourd’hui ; le coût de vivre, lui, ne cesse de grimper. Et c’est cela, le vrai non-dit.
Thierno Diop


