Liberté de la presse : Le CDEPS dénonce une « instrumentalisation » du CNRA contre le Groupe Futurs Médias

Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) est monté au créneau ce mardi 8 juillet pour condamner fermement la décision 0001/CNRA du 7 juillet 2025, mettant en demeure le Groupe Futurs Médias (GFM) et brandissant la menace d’une suspension partielle ou totale de ses programmes télévisés sur TFM. Dans un communiqué virulent, l’organisation professionnelle dénonce un « acharnement intolérable » à l’encontre du groupe de presse, qu’elle considère comme une nouvelle attaque contre la liberté d’expression au Sénégal.

Le CDEPS voit dans cette mesure un prolongement d’un précédent communiqué du CNRA daté du 26 mars 2025, publié à un moment où le collège de l’institution n’était pas encore officiellement installé. « Ce retour à la charge du régulateur traduit une logique partisane et une volonté manifeste de museler une chaîne privée », fustige le CDEPS.

En ligne de mire : l’émission Jakaarlo du 4 juillet 2024, au cours de laquelle un échange vif entre un chroniqueur et un militant politique a été interprété par le CNRA comme une dérive. Le CDEPS s’étonne de voir le régulateur « condamner une partie au profit de l’autre », dénonçant un parti pris flagrant. « Le débat démocratique suppose la pluralité d’opinions. Le CNRA ne peut se permettre de prendre position dans des controverses d’ordre éditorial », insiste-t-il.

« Pressions politiques » et environnement répressif

Plus largement, le Conseil s’alarme d’un climat de répression croissante envers les médias. Il dénonce des « appels répétés d’un parti politique à mettre au pas la presse » et accuse le CNRA de céder à ces pressions. « Le régulateur devient une arme contre les groupes de presse, alors qu’il devrait incarner l’équilibre et l’impartialité », estime le CDEPS.

Le communiqué évoque également des mesures inquiétantes contre la liberté de la presse, telles que des convocations policières de journalistes – la dernière visant Madiambal Diagne –, des blocages de publicité, des coupures illégales de signal, et le gel du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) depuis deux ans. « L’inquisition fiscale et la privation de ressources menacent directement la survie des médias indépendants », avertit le Conseil.

Appel à la vigilance des autorités et de la société civile

Face à cette situation, le CDEPS affiche son soutien total au Groupe Futurs Médias, exige « une indépendance absolue du CNRA » et met en garde contre toute tentative d’instaurer une « police de la pensée ». Il réaffirme son engagement en faveur de la liberté de la presse, « pilier essentiel de toute démocratie ».

Enfin, le CDEPS lance un appel solennel au président de la République, au gouvernement, aux leaders religieux et coutumiers, à la société civile et à l’ensemble des citoyens. Il les invite à se mobiliser pour préserver l’État de droit, la liberté de la presse et d’expression, qu’il considère comme les fondations d’une société démocratique.

 

Pape Ismaïla CAMARA
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