L’équation de l’émigration irrégulière: le grand bleu continue de tuer

Une semaine à peine après le chavirement d’une embarcation à Saint Louis, hier encore les dakarois se sont réveillés à la fois choqués et en colère à l’annonce d’un autre drame survenu dans les eaux aux abords de la mosquée de la divinité à Ouakam.

L’inquiétude, c’est surtout, la posture d’autodéfense de l’Etat avec son mode de communication minimisant le phénomène de la migration irrégulière. Ce silence fait que l’on ne peut pas vraiment évoluer car cela, à la limite, encourage les jeunes à continuer à prendre le large.

C’est alors extrêmement grave que des jeunes continuent de perdre la vie sans que l’on ne sente pas la présence du ministère en charge des affaires étrangères, responsable de ce dossier. Comme si la mort est devenue banale au Sénégal, personne ne peut donner un nombre exact des personnes qui ont laissé leur vie dans les océans. Il est grand temps pour nos autorités d’apporter des solutions en urgence comme c’est le cas entre la Tunisie et l’Union européenne, à travers des accords de financement pour fixer les jeunes dans leur pays d’origine.

Mais au préalable, il faut accepter que le phénomène migratoire est devenu un fléau qui existe bel et bien pour le solutionner une bonne fois pour toute. Généralement, plusieurs facteurs sont cités comme étant à l’origine de la migration de manière générale. On dit qu’en milieu urbain, l’accentuation du sous-emploi, l’accroissement de la pauvreté, la généralisation du chômage, la précarité et la faible rémunération du travail sont pointés du doigt. Et de par sa persistance, au fil des années, la migration irrégulière fait partie des réalités sénégalaises et dépasse ainsi le stade de phéno mène social pour se positionner comme un fait social.

Son importance s’est considérablement renforcée avec l’embarcation de milliers de jeunes migrants dans des pirogues de fortune en direction des Îles Canaries. Le développement de cet itinéraire géographique prenant la Méditerranée a été facilitée par la motorisation des pirogues artisanales et la réelle capacité des pêcheurs artisans sénégalais à pêcher dans des eaux de plus en plus lointaines pour de longues marées dans le cadre de la pêche migrante.

Malgré l’amplification du phénomène au cours de ces deux décennies, aucune solution durable n’a été proposée par les pouvoirs publics pour endiguer ce péril humain. D’ailleurs, cette précarité s’est quasiment généralisée dans toutes les couches sociales du pays.

C’est pourquoi les responsabilités sont partagées. Et tant que tout le monde ne se dit pas en toute responsabilité que tout le monde est responsable de cette situation, il ne sera pas facile de la solutionner.

Lors d’une édition spéciale dans la matinée d’hier sur Rfm, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt l’intervention de Boubacar Seye, de Horizon sans frontière qui a formulé des recommandations allant dans le sens d’apporter des solutions à ce fléau notamment une proposition d’étude de la cartographie des zones de vulnérabilité, une relecture des perspectives dans les zones de départ mais aussi la tenue d’assises au cour desquelles tous les spécialistes des questions migratoires seront écoutés. Mais pourquoi pas, parce que peut-être qu’à partir de ces échanges, des pistes de solution pourraient être trouvées.

 

2 Minutes Pour L’Essentiel

Dieyna SENE
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