Dans un pays où le sol regorge d’or noir et où une raffinerie flambant neuve symbolisait hier encore un avenir prometteur, les files interminables devant les stations-service de Niamey et d’ailleurs relèvent d’un scandale inacceptable. Le Niger, jadis fier de ses ambitions pétrolières, est aujourd’hui incapable de répondre à ses besoins les plus élémentaires. Cette réalité absurde met en lumière l’incompétence crasse et la gestion catastrophique du régime actuel, prêt à sacrifier l’intérêt national sur l’autel d’une souveraineté de façade.
Soraz : d’espoir à fiasco
La Société de Raffinage de Zinder (Soraz), présentée comme l’un des joyaux économiques du pays, est aujourd’hui le théâtre d’une déchéance sans précédent. Fonctionnelle, dotée de capacités suffisantes pour alimenter l’ensemble du Niger, elle est pourtant réduite à l’inactivité partielle. Pourquoi ? Parce que le CNSP, en quête de reconnaissance internationale et pris dans des accords douteux avec des acteurs extérieurs, n’honore plus les paiements nécessaires à son bon fonctionnement.
Comment expliquer qu’un pays capable de produire et de raffiner du pétrole puisse se retrouver dans cette situation humiliante ? La réponse réside dans l’irresponsabilité de ceux qui détiennent les rênes du pouvoir.
Le double langage d’un régime sans vision:
Il n’y a pas si longtemps, le Niger se vantait de pouvoir fournir gratuitement du carburant aux États membres de l’Alliance des États Sahéliens (AES). Ce discours, diffusé en grande pompe pour affirmer une prétendue autonomie stratégique, s’effondre face à la réalité : aujourd’hui, ce même Niger ne peut même plus alimenter ses propres stations-service. Les promesses faites à l’AES résonnent désormais comme une insulte à la population nigérienne, contrainte de mendier une goutte d’essence pendant que ses dirigeants orchestrent un désastre national.
Quand le pétrole devient une arme politique:
Le scandale prend une tournure encore plus grotesque lorsque l’on découvre que le CNSP, pour pallier la crise, a recours à des importations de carburant depuis des “pays ennemis” comme le Nigeria et le Bénin. Ces importations, réalisées dans l’urgence, révèlent l’absence totale de planification et de vision stratégique. Pendant ce temps, les infrastructures pétrolières nationales, telles que les pipelines, sont laissées à la merci des attaques et des compromis douteux avec des groupes armés comme le FPL.
Un échec aux conséquences incalculables:
Les répercussions de cette crise sont dramatiques. L’économie nigérienne, déjà fragilisée, est mise à genoux : transports paralysés, hausses des prix, et aggravation de la pauvreté. Les citoyens, eux, sont pris en otage par un régime incapable de prioriser leurs besoins essentiels. Pendant ce temps, les dirigeants multiplient les discours creux et les alliances tactiques sans jamais répondre aux vraies questions : où va le pétrole du Niger, et pourquoi les Nigériens n’en bénéficient-ils pas ?
Une souveraineté illusoire:
Le Niger, sous le règne du CNSP, a perdu le contrôle de ses ressources stratégiques. Ce n’est pas la souveraineté que ce régime défend, mais une mascarade qui enrichit une poignée de privilégiés aux dépens de millions de citoyens. La Soraz, autrefois symbole de fierté nationale, est aujourd’hui l’illustration parfaite d’un pays trahi par ses propres dirigeants.
Un peuple en droit de demander des comptes:
Les Nigériens doivent se poser la question : comment un producteur de pétrole peut-il manquer de carburant ? Ce paradoxe indécent est le résultat d’une gestion criminelle et d’une trahison manifeste des intérêts du peuple. Les responsables de ce désastre devront un jour répondre de leurs actes, car aucun régime, aussi oppressif soit-il, ne peut éternellement étouffer les voix de ceux qu’il a trompés.
Le Niger mérite mieux. Les Nigériens méritent la vérité.
Samir Moussa
(Source Ma Revue de Presse)