Les fortes pluies de cette année, combinées à l’ouverture des vannes du barrage de Manantali pour des raisons techniques et sécuritaires, ont provoqué le débordement du fleuve Sénégal. Ces phénomènes ont engendré de graves inondations dans de nombreuses localités riveraines. Une telle montée des eaux, selon les experts, ne s’était plus produite depuis les années 1950, époque à laquelle les zones concernées étaient encore peu urbanisées. La situation inquiète également dans le bassin du fleuve Gambie, où des risques similaires se manifestent.
Des Dégâts Humains, Matériels et Agricoles
Les régions de l’Est, du Nord et du Sud du Sénégal font face à une catastrophe aux conséquences multiples. En plus des pertes humaines, plusieurs habitations ont été détruites, des champs ravagés, et le bétail se retrouve en péril dans certaines zones. Devant cette situation critique, la Coalition des Organisations en Santé et Action Sociale (COSAS) appelle à une mobilisation urgente pour prévenir une crise sanitaire.
Des Risques Sanitaires Multiples
La COSAS alerte les autorités sur les nombreuses menaces sanitaires que posent ces inondations. Parmi les principales préoccupations figurent les maladies hydriques, dont la transmission est favorisée par la contamination de l’eau. Le risque d’épidémies de diarrhée, de fièvre typhoïde et autres infections oro-fécales est accru, surtout en cas de déplacements de populations et de pénurie d’eau potable.
L’organisme met aussi en garde contre le danger des maladies transmissibles par contact avec des eaux polluées, susceptibles de provoquer des dermatoses, des infections ORL ou encore des conjonctivites. Six à huit semaines après les inondations, une recrudescence des maladies vectorielles telles que le paludisme, la dengue ou la fièvre jaune est également à prévoir, en raison de la prolifération des moustiques dans les eaux stagnantes.
La promiscuité qui résulte des déplacements de population expose en outre à d’autres pathologies, comme la tuberculose, la gale ou des troubles psychosomatiques liés au stress. Par ailleurs, les populations affectées pourraient être confrontées à des affections nutritionnelles dues à une alimentation insuffisante ou inappropriée, aggravant ainsi le risque de malnutrition et d’intoxications alimentaires.
La COSAS Exige une Veille Sanitaire Rigoureuse et des Mesures Préventives
Pour parer à ces différents risques, la COSAS recommande la mise en place d’une veille sanitaire renforcée sous la coordination des gouverneurs de région et des directeurs régionaux de la santé. Une attention particulière doit être accordée à la continuité des services de santé, notamment ceux liés à la santé reproductive. Les consultations prénatales et postnatales, les accouchements, le suivi des enfants ainsi que les campagnes de vaccination doivent être assurés malgré la crise.
Révision Budgétaire et Appel à la Solidarité
La COSAS insiste sur la nécessité d’augmenter les financements alloués à la santé publique. Elle appelle les autorités à revoir à la hausse la proportion du budget national consacrée à ce secteur, qui s’élève actuellement à seulement 6,2% des investissements publics dans la Stratégie de Développement 2025-2029. L’organisation rappelle également l’engagement pris lors du sommet d’Abuja en 2001, selon lequel les pays africains devraient allouer 15% du budget national à la santé.
En réponse aux efforts du gouvernement, la COSAS salue l’intervention de l’armée, qui a déployé un hôpital de campagne, ainsi que la mise à disposition de huit milliards de FCFA pour soutenir les sinistrés. Elle encourage la mise en œuvre d’un plan de contingence régional, impliquant le Sénégal, ses voisins et les organisations de gestion des fleuves (OMVS, OMVG), afin de mieux anticiper les impacts du changement climatique.
Un Élan de Solidarité Loué
Enfin, la COSAS exprime sa compassion et sa solidarité envers les populations sinistrées. Elle se félicite de l’élan de générosité manifesté par des dons en provenance de l’intérieur du pays et de la diaspora, qui ont permis d’atténuer les souffrances des compatriotes touchés par cette catastrophe.
En conclusion, la COSAS appelle les autorités à prendre des mesures immédiates et structurelles pour protéger les populations exposées et prévenir une crise sanitaire majeure.