Infos hebdomadaires de Transparency International COP29 : Il est temps de mettre un terme à la corruption climatique

La Conférence des Parties (COP29) sur le climat aura lieu dans quelques jours, avec comme priorités la fixation d’objectifs de financement climatique, le renforcement de l’action climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais les inquiétudes concernant les conflits d’intérêts qui pourraient entraver un sommet véritablement sans énergies fossiles ne cessent de s’accumuler.

Cette semaine, Elnur Soltanov, PDG de la COP29 et membre du conseil d’administration de la compagnie nationale azerbaïdjanaise des énergies fossiles, aurait utilisé sa position pour organiser des réunions en vue d’éventuels accords sur les énergies fossiles .

Il est temps de se demander pourquoi nous sommes à la traîne dans la lutte contre la crise climatique et qui façonne réellement la politique climatique mondiale. La corruption est l’une des plus grandes menaces pour l’action climatique, bien que souvent négligée.

Elle détourne les fonds, sape les efforts mondiaux, freine les progrès réels et met en péril notre avenir collectif. Nous mettons depuis longtemps en garde contre la fraude, les pots-de-vin, les conflits d’intérêts et d’autres formes de corruption qui nous font reculer . Cette année, nous sommes profondément préoccupés par le fait que l’influence indue provienne du cœur même de la direction de la COP29, et ce ne serait pas exactement la première fois que…

Les grands pollueurs, notamment l’industrie des combustibles fossiles, apportent une influence et des fonds considérables aux négociations de la COP, ce qui conduit souvent à des engagements édulcorés et à des solutions mal orientées.

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) exige désormais que les participants déclarent leurs affiliations, mais 60 % des participants ne révèlent toujours pas pleinement leurs liens. La transparence est essentielle pour que les intérêts du public et de la planète – et non les profits des entreprises – restent au premier plan des négociations sur le climat.

À Bakou, le risque est réel que la COP29 soit récupérée par les élites politiques et les lobbyistes qui défendent un programme en faveur des énergies fossiles. Le nouveau rapport de Transparency International en collaboration avec l’Anti-Corruption Data Collective (ACDC) montre comment l’absence de mesures anti-corruption robustes peut permettre au gouvernement azerbaïdjanais d’utiliser le sommet pour stimuler les intérêts nationaux dans le secteur pétrolier et gazier et conclure de nouveaux accords.

Cela jette un sérieux doute sur l’intégrité des négociations sur le climat, qui nécessitent plus que jamais une manière appropriée de gérer les conflits d’intérêts et de sélectionner les présidents et les sponsors de la COP.

Annoncée comme la « COP de la finance », la COP29 est le moment clé pour que les pays se fixent un nouvel objectif mondial de financement de la lutte contre le changement climatique . Pour les pays dépendants du charbon, le financement du climat est essentiel à la transition vers une énergie propre et renouvelable. Pourtant, sans de solides mesures de protection contre la corruption, ces fonds risquent d’être utilisés à mauvais escient.

Lors de la COP29, les gouvernements doivent s’engager à surveiller activement les fonds destinés au climat, afin de s’assurer que les financements parviennent à ceux qui en ont le plus besoin. Un plan d’action pour une transition juste qui impose la transparence et la responsabilité est essentiel, en particulier pour des initiatives telles que les partenariats pour une transition énergétique juste .

Le système actuel de suivi des financements climatiques est en échec. Les pays développés doivent honorer leurs engagements financiers, en mettant l’accent sur les subventions et les financements accessibles, et non sur les prêts. Il est essentiel de mettre en place un cadre clair pour les échanges de dette climatique, les obligations vertes et d’autres outils, tous ancrés dans la transparence.

 

Pour maintenir les objectifs climatiques sur la bonne voie, il faudra s’attaquer directement à la corruption. Sans action urgente, le cadre climatique mondial est en danger. L’absence de garde-fous menace l’ensemble du processus de la COP. La CCNUCC doit adopter des garde-fous pour empêcher les futurs hôtes de faire passer leurs propres programmes au détriment du bien collectif du climat.

Pour protéger l’intégrité de la COP à l’avenir, nous devons renforcer les critères de sélection des pays hôtes et des entreprises sponsors, en privilégiant les environnements respectueux des droits de l’homme, de la transparence et de la liberté d’expression. Les COP doivent inclure de solides politiques de gestion des conflits d’intérêts, ainsi qu’une participation sans restriction de la société civile.

La COP29 est l’occasion d’exiger des réformes qui mettent l’intérêt public au premier plan. Transparency International fait campagne pour que des mesures soient prises afin de garantir la transparence, la gouvernance et la responsabilité à tous les niveaux. Des solutions climatiques efficaces sont à portée de main, mais seulement si l’intégrité et une gouvernance forte sont prioritaires.

Transparency International

Pape Ismaïla CAMARA
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