GETRAN SA : Des employés en détresse dénoncent onze mois d’arriérés de salaires

La situation des travailleurs de la société GETRAN SA devient de plus en plus alarmante. Dans une lettre ouverte adressée à la presse, les employés dénoncent un traitement qu’ils jugent injuste et inhumain, après plusieurs mois de souffrance sans réponse satisfaisante de la direction ni du syndic désigné dans le cadre du redressement judiciaire de l’entreprise.

Créée par M. Mar Thiam et aujourd’hui dirigée par son fils, M. Falla Thiam, GETRAN SA accuse un retard de paiement de onze (11) mois de salaires. À cette dette salariale s’ajoute le non-versement des cotisations sociales à l’IPRESS et à la CSS, mettant les travailleurs dans une précarité inquiétante.

Malgré les nombreuses démarches entamées pour une résolution à l’amiable, notamment des réunions avec la direction, les engagements pris n’ont pas été respectés. Les travailleurs affirment que même lorsque des paiements partiels ont été effectués, des déductions injustifiées étaient opérées sous prétexte d’absences. Par ailleurs, toute contestation était systématiquement sanctionnée, dans un contexte où aucun syndicat n’est en place pour défendre les droits des employés.

Le 18 avril 2023, le tribunal de commerce de Dakar a prononcé l’ouverture d’un redressement judiciaire de GETRAN SA, confiant la gestion à M. Saliou Dieye, du cabinet Fiddex, désigné comme syndic. Cependant, les employés reprochent à ce dernier d’avoir omis leur créance dans son rapport, et de privilégier d’autres créanciers au mépris des dispositions de l’article 95 de l’Acte uniforme de l’OHADA, qui fait des salariés des créanciers super-privilégiés.

Les travailleurs rapportent également avoir été tenus à l’écart du processus de redressement judiciaire, dont l’officialisation, le 7 mars 2025, s’est déroulée sans leur représentation. Le syndic, après plusieurs rappels, avait promis lors d’une réunion tenue le 8 octobre 2024 de régler les arriérés de salaires « dans les plus brefs délais ». Engagement non tenu à ce jour.

La situation est devenue intenable : expulsions, difficultés alimentaires, impossibilité de scolariser les enfants ou de se soigner. Les employés affirment avoir vécu le Ramadan et la Korité sans aucun soutien financier, en dépit d’une demande adressée au syndic le 12 mars dernier.

Face à ce qu’ils qualifient de mépris manifeste et d’injustice flagrante, les travailleurs annoncent avoir saisi un avocat pour défendre leurs intérêts. Ils n’excluent pas d’engager une procédure contre le concordat devant la juridiction compétente.

« Nous demandons le paiement immédiat de nos arriérés de salaire. Nous avons assez souffert », a déclaré Ousmane Cissé Touré, représentant du personnel signataire de la déclaration.

Pape Ismaïla CAMARA
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