Réunis à Nairobi (Kenya) à l’occasion de la 20e session de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN), les ministres de l’Environnement de 53 pays africains ont lancé un appel pressant à la communauté internationale, en particulier aux pays développés, pour un financement climatique plus équitable et adapté aux besoins spécifiques du continent.
Les ministres ont rappelé que l’Afrique reste la région du monde la moins responsable du réchauffement climatique, mais celle qui en subit les effets les plus dévastateurs, tout en recevant une part marginale des financements climatiques mondiaux. Ils ont ainsi exhorté la COP30, prévue au Brésil, à traduire en actions concrètes les engagements financiers et technologiques nécessaires à la résilience du continent.
Un plaidoyer pour une transition juste et souveraine
Les dirigeants africains ont unanimement demandé un accroissement des financements publics, des dons et des crédits concessionnels, tout en rejetant les prêts classiques, jugés incompatibles avec la viabilité économique des pays déjà surendettés. Ils ont aussi plaidé pour une réforme profonde des institutions financières internationales, afin qu’elles soient alignées sur les priorités de développement de l’Afrique.
Dans leur déclaration finale, les ministres ont insisté pour que la feuille de route de Bakou à Belém inclue des engagements fermes, notamment la réalisation de l’objectif de 1 300 milliards de dollars fixés lors des précédentes négociations climatiques. Ils ont souligné que les besoins africains en adaptation sont les plus élevés au monde, estimés à 845 milliards de dollars d’ici 2035.
Des voix fortes pour porter l’Afrique à la COP30
Richard Muyungi, président du Groupe des négociateurs africains, a appelé à finaliser les discussions sur l’objectif mondial d’adaptation et à lier clairement le soutien des pays développés à des indicateurs mesurables de mise en œuvre. Il a aussi mis l’accent sur l’intégration de solutions de cuisson propres et de l’accès à l’énergie, pour au moins 300 millions de personnes, dans les cadres de transition juste, en prenant en compte les femmes et les jeunes.
Le ministre ivoirien Jacques Assahoré Konan a, pour sa part, estimé que l’unité de l’Afrique et l’obtention d’engagements financiers concrets seront les conditions du succès à la COP30. Il a insisté sur la justice climatique et sur la reconnaissance du continent comme fournisseur de solutions fondées sur la nature.
Christopher B. Kabah, représentant du Libéria, a averti que la COP30 ne pourra pas se contenter de discours symboliques. Il a appelé à des mesures tangibles, des partenariats solides et à la valorisation des connaissances autochtones africaines dans les stratégies d’adaptation. Selon lui, il est temps pour les grands pollueurs d’assumer leur responsabilité, en réduisant drastiquement leurs émissions et en soutenant les pays vulnérables.